Afrique du Sud
Swaziland
Mozambique
Malawi
Zambie
Namibie
(Pas de photos retrouvés)
Du 9 décembre 2003 au 27 janvier 2004
Parti de Paris par une température de -2°, j'arrive à Johannesburg en Afrique du Sud avec 30° - les saisons sont inversées.
A la douane, une ribambelle de chauffeurs attend les voyageurs en sac à dos pour leur proposer les hôtels "backpackers", hôtels pour routards. Je vérifie le nom sur mon guide et me voilà embarqué pour ma première nuit en Afrique du Sud.
J'écoute tous les conseils autour de moi et cela confirme bien ce qui est écrit dans les guides – Johannesburg est dangereux pour les touristes, et spécialement le centre et certains quartiers. Les administrations qui étaient au centre ville ont migré progressivement vers Pretoria, la nouvelle capitale administrative, à 50 km environ – et la population noire a envahi les buildings libérés.
Avec deux autres touristes Norvégiens, nous visitons Soweto, la banlieue de Johannesburg, avec le chauffeur de l'hôtel qui nous sert de guide. Je ne m'y risquerais pas seul. Ça me semble un peu moins la misère qu'en Amérique du Sud, mais il y a quand même des quartiers qui font mal au cœur. Le gouvernement a créé des lotissements pour reloger les plus défavorisés, mais il en faudrait 50 fois plus, et c'est comme partout, les finances manquent. Dans la foulée, nous visitons la maison où a vécu Mandela, une église, un café, et le musée de l'apartheid. Nous pouvons revivre chronologiquement tous les événements de l’apartheid avec la police et les blancs qui tirent sur la population noire - super intéressant.
L'après-midi, je visite seul un marché permanent à 3 km de l'hôtel – c'est un bon test pour apprécier l'approche avec les gens. Plein de belles choses intéressantes, mais impossible d'acheter pour l'instant, sinon je suis condamné à les transporter pendant 7 semaines. Je prends des idées pour y repasser avant mon retour en France.
Je ne m'attarde pas à Johannesburg – 2 jours suffisent – et j'envisage mon départ le lendemain matin pour le Swaziland – un petit royaume à l'est de l'Afrique du sud. Comme toujours, je fais le choix de mon itinéraire au dernier moment, souvent en fonction des circonstances où devant ma carte.
Je suis conduit à la gare routière à 7 heures du matin. Une fille connait la gare et le guichet, ça aide – 15 à 20 personnes sur la queue – c'est extrêmement lent – 15 mn d'attente pour entendre "c'est pas ici" – un autre endroit à 100 m environ. Là, je passe devant une queue énorme, peut être 200 personnes, et je demande à un guichet d'information où je dois prendre mon billet. La femme avec son menton me désigne la queue que je viens de remonter – ouhaou ! Il n'y a rien de tel pour vous mettre dans le bain – et j'espère que c'est la bonne queue. Je réussis à prendre mon billet – mais maintenant, où est le bus ? Apparemment petit problème, le bus direct est parti, mais on m'en trouve un autre. Je comprends vite que celui-ci n'est pas direct et s'arrêtera dans toutes les petites villes pour laisser ou prendre des passagers. Je suis le seul blanc du bus – mais ambiance plutôt sympa. A la frontière, tout le monde descend, tampon sur passeport pour sortir côté Afrique du Sud, tampon pour entrer au Swaziland. Je suis souvent le dernier de la queue car je suis des passagers que j'ai repérés dans le bus. Tout est lent avec une organisation africaine. Je sors bon dernier du groupe et cherche mon bus. Pas de bus en vue, et personne que je puisse reconnaître. Je reviens demander aux douaniers et, je dois me rendre à l'évidence que mon bus est parti, et …… avec mon sac à dos. J'ai quand même avec moi mon petit sac à dos avec le plus important, et tous mes papiers sur moi. Un douanier me propose de trouver une voiture qui m'emmènera à la capitale Mbabane – quand un jeune du bus revient et me dit que le bus est stoppé à 1 km environ. Les passagers se sont aperçus que le Français manquait et l'on signalé au chauffeur, qui était incapable de revenir car engagé sur une bretelle de l'autoroute. Arrivé au bus – milles excuses et larges sourires des passagers. J'aurais été Sud Africain je ne sais pas comment aurait été leur attitude !
Swaziland
Jai un ticket pour Mbabane, la capitale – le bus s'arrête de temps en temps pour laisser des passagers en pleine campagne. A Mbabane, un premier arrêt dans une rue et puis plus rien – on sort de la ville. Je demande autour de moi – bien oui, la ville est passée, et je l'ai manquée. Je m'attendais à trouver une gare routière ! Il va falloir que je me ressaisisse et me mette au diapason du pays. Les gens sont plus ennuyés que moi – m'arrêter à la capitale ou ailleurs ! – je découvre le pays, c'est l'essentiel. L'arrêt terminus est à Manzini, à 40 km. Le seul problème est que la nuit tombe et ce n'est pas l'heure idéale pour arriver, surtout quand on ne connait pas le pays. Mais on ne m'a pas laissé seul et j'ai pu téléphoner à un hôtel backpackers, inscrit sur mon guide, pour venir me chercher.
Je dors en Swaziland, à 7 km de la ville, en pleine campagne-forêt. C'est un tout petit pays, grand comme un département français avec 1 200 000 habitants. Je reste 5 jours dans cet endroit.
Le premier jour, je pars faire une marche "à l'aveugle" pour découvrir le pays – je fais du stop où on me demande de participer pour l'essence, c'est une coutume ici. Je reviens en bus, mais je n'ai pas de monnaie locale - alors je paie avec des rands Sud Africain. Le soir, j'ai mes premières ampoules aux pieds – ça va se faire – je suis en Afrique.
Le Swaziland est un vrai royaume, avec un roi qui gouverne, comme aux temps des rois de France. Les Swazis hommes peuvent avoir plusieurs femmes et le nombre n'est pas limité – seul le budget pour entretenir la "famille" en limite le nombre. Le roi "possède" 11 femmes légitimes. Je ne peux pas m'empêcher de dire à mon interlocuteur que c'est un homme qui doit être très occupé !
Nous partons à 4 pour un village situé à 50 km et avec un animateur de l'hôtel natif du village. Il a 40 ans – une femme légitime avec 8 enfants, et une fiancée (future 2ème femme) avec laquelle il a un enfant. La fiancée vit séparément car le mariage n'est pas encore prononcé. Nous avons rencontré l'ensemble de cette famille.
Les familles sont plutôt grandes, souvent 10 à 15 enfants sous le même toit – mais, pour combien de femmes, je ne saurais le dire !
Le chauffeur profite de ce voyage pour ravitailler le village en nourriture, engrais, etc. – notre pickup est très chargé. A l'approche du village nous prenons tous les gens connus du chauffeur qui font du stop.
Nous passons 2 jours dans ce village en montagne, 2 jours inoubliables. Nous commençons par la "messe" le dimanche à 11 h, – 90 personnes dans un hangar en tôle, y compris les bébés qui n’ont pas arrêté de téter. Pas de bancs – tout le monde assis au sol. Un des objectifs de cette messe est d’éloigner les démons, et spécialement aujourd'hui implorer les dieux pour avoir de l'eau. Une quinzaine de personnes, hommes et femmes, entament une danse en cercle au milieu, avec chants et tambours, certains jusqu'à entrer en transe et tomber, les yeux révulsés. L’un d’entre eux a mis environ 30 mn pour revenir à lui, mais c’est normal, personne ne s’en occupe.
La deuxième partie est plus calme et des personnes se lèvent spontanément pour parler, dire ce qu'elles ont fait, ce qu'elles ont sur le cœur, un peu comme une confession publique. Je prends la parole avec une autre femme du groupe, traduit par notre guide, pour les remercier de l'accueil et leur souhaiter beaucoup de pluie. Applaudissements.
Nous sommes restés 2 h 30 et ce n’était pas terminé.
Nous avons vécu comme cela pendant 2 jours au rythme du village – visites/ rencontres/ nourriture/ coucher dans les cases, etc., jusqu’au sorcier du village que les 3 autres touristes ont consulté. Là aussi, c’est difficile à croire, mais tout se passe en groupe et j’ai pu y assister.
Pour les personnes qui aiment le confort des vacances, s’abstenir.
Revenu au backpackers d'origine (hôtel), je pars pour une journée de marche dans les villages. Les propriétés sont entourées de hauts murs surmontés de barbelés électrifiés, comme en Afrique du sud. Je suppose aussi que les chiens sont dressés pour bien recevoir le visiteur indésirable.
Dans l'après midi, alors que j'allais bientôt rentrer, j'essayais d'imaginer un raccourci au travers des champs. J'en parle avec des gens dans le village et ils me disent surtout de ne jamais faire cela, si le propriétaire du champ m'aperçoit il me tirera dessus. J'ai eu comme un frisson dans le dos.
Mélange des blancs et des noirs : C'est assez pittoresque de voir l'attitude des blancs dans les files d'attente au milieu de la population noire. A part les touristes que l'on reconnait tout de suite, les Sud Africains paraissent réellement mal à l'aise. Obligés de faire la queue comme "des noirs", avec des bagages en cuir - on a l'impression que c'est dégradant pour eux.
Au revoir Swaziland – je garde de toi un merveilleux souvenir ancré à jamais dans ma tête.
Départ pour le Mozambique avec comme programme de remonter jusqu'au Malawi et redescendre par la partie Ouest de l'Afrique.
Je pense éviter le Zimbabwé où l'économie dégringole à grande vitesse après l'expulsion des fermiers blancs. Le président avait promis avant les élections de redistribuer à chacun un bout de terre libéré par le départ des blancs. Depuis, les fermiers blancs sont partis et le gouvernement ne sait toujours pas comment faire la répartition des terres, qui sont restées en friche. La production agricole a chuté et le pays est affamé avec des queues pendant des heures devant les boulangeries, en n'étant pas sûr de revenir avec du pain. Il y a également une pénurie d'essence avec des bus qui s'arrêtent quelquefois en cours de trajet, à sec. Ce n'est pas vraiment les meilleures conditions de voyage.
Nous partons à 10 h 30 pour Maputo au Mozambique en mini van surchargé. Les bus ont une destination mais pas d'heure de départ, c'est-à-dire qu'ils ne partent que lorsqu'ils sont complets – c'est l'Afrique !
Mozambique
Au passage de la douane je mets à profit mon expérience de la dernière frontière et je sors le premier côté Mozambique. J'attends l'arrivée du bus – j'attends une demi heure au moins, et, inquiet je reviens à la douane où je trouve tout le chargement du bus au sol pour une fouille. L'attente a durée au moins 2 heures, et un autre contrôle nous attendait 50 km plus loin – douane volante – avec des douaniers qui n'ont pas laissé le bus repartir sans avoir payé une taxe sur les marchandises transportées dans la remorque. D'après le chauffeur, c'est monnaie courante, les douaniers taxent arbitrairement sans qu'il y ait de règles précises.
Au lieu d'arriver à 2-3 heures de l'après midi, la nuit est tombée sur Maputo et le chauffeur accepte de me conduire jusqu'à mon hôtel, après avoir libéré tous les passagers. De toute manière, il était hors de question que j'y aille à pied en pleine nuit, sécurité oblige.
Je reste 3 nuits à Maputo, le temps de prendre la "température", ou l'atmosphère qui y règne. C'est une ville banale, comme les grandes villes africaines. Après bien des hésitations je décide de remonter directement au Malawi sans m'attarder au Mozambique. Il me faudra quand même 4 jours pour traverser du sud au nord ce long pays. C'est la période des vacances avec noël et le jour de l'an et beaucoup de jeunes remontent dans leur famille pour les fêtes. Les bus sont complets, c'est-à-dire 120 à 130 % des places assises. Je m'arrête pour une nuit à Maxixe – 450 km au nord de Maputo - histoire de découvrir un peu le pays et les gens en remontant. Je vois le coup que je ne vais pas pouvoir redécoller. Les bus qui passent sont archi complets. Aidé par des locaux, un chauffeur accepte quand même de me prendre à bord, mais il m'averti "pas de siège". La réflexion est vite faite dans ma tête, 18 heures de bus debout ou rester ici, pour combien de temps ? Je réponds OK.
L'accès au couloir est difficile, en enjambant les paquets et les gens assis au sol. Le bus démarre – je suis dedans mais en appui sur un pied seulement – pas de place au sol pour mes deux pieds en même temps – il faut le vivre pour le croire. Il me faut au moins 5 mn pour pouvoir poser mes deux pieds au sol en même temps. Je m'apprête à passer un moment difficile – pour un africain c'est la routine, mais un européen c'est plus fragile. Heureusement, les passagers sont plutôt jeunes et je peux discuter en anglais avec quelques voisins. Ils apprennent très vite que je suis français. Je tiens 1 h 30 dans cette position avant que 3 jeunes de la même famille me proposent un bout de siège. Ensuite, nous avons tourné à 4 sur 3 sièges avec un assis sur le dossier et les 3 autres sur les sièges, ceci jusqu'à la moitié du parcours - quand 2 sièges se sont libérés et que l'on m'en a proposé un. Ouf ! Une jeune femme avec un bébé sur le dos était debout dans le couloir et personne ne lui a proposé de siège. J'avais mal pour elle et je n'étais quand même pas très fier de mon attitude. Ici c'est la loi de la jungle et je n'étais pas sûr de pouvoir tenir avec mes problèmes de dos. J'ai fait l'autruche comme tout le monde.
Sur ce trajet, le chauffeur s'arrête sur le bord de la route en principe à 10 heures du soir, jusqu'à 4 heures du matin – arrêt motivé par l'insécurité de rouler la nuit sur les pistes et pour son repos car c'est un trajet extrêmement long. Nous nous arrêtons en réalité à minuit pour cause de retard du bus. Au moment où le chauffeur coupe le moteur tout un groupe d'étudiants refuse l'arrêt et veut obliger le conducteur à continuer. Celui-ci s'est mis en position de relaxation sur son siège, mais un jeune lui braque sa torche dans les yeux. Ce manège dure plus d'un quart d'heure avec des discussions houleuses. Je pense très fort à ce moment, "pourvu que le chauffeur ne craque pas". Il a tenu et ça s'est calmé progressivement. Il faut dire que l'alcool coulait à flot au début avec la dégustation au goulot. Les 3/4 des passagers sont descendus et se sont allongés sur le sol pour essayer de dormir – les nuits sont chaudes ici. Je suis resté dans le bus en essayant de m'installer sur 2 sièges.
Quand on vit ce fonctionnement on comprend mieux certains accidents bêtes qui arrivent dans ces régions du monde.
Ici, pas besoin de poubelle dans le bus, tout passe par la fenêtre – même une bouteille de verre qui est passée avec un gros "splach" au milieu de la route. Bonjour les enfants qui marchent pieds nus ici.
Au Mozambique, un bus/un chauffeur – que le trajet dure 4 heures ou 20 heures, c'est la même règle.
J'ai appris depuis longtemps à gérer les quantités de liquide ingéré pour ne pas se faire avoir avec les arrêts pipi. Il arrive que le bus roule 5 ou 6 heures entre deux arrêts. Une jeune française s'en rappellera toute sa vie dans le nord du Mozambique. Elle a du supplier le chauffeur pour qu'il s'arrête et, sécurité oblige, à découvert, elle a baissé son pantalon devant le rideau de spectateur. Sécurité par rapport aux mines anti-personnelles qui sont évaluées à plus de 2 millions pour la partie nord du pays – seules les pistes et quelques mètres sur les côtés sont déminés.
Mon court passage au Mozambique aura été dur du point de vue physique mais riche en contact avec la population qui voyage – pas de problème de langue – ils parlent le portugais mais beaucoup ont été travailler à l'étranger et les jeunes parlent autant l'anglais que chez nous en France. Leurs conseils ont toujours été profitables et question sécurité, aucun problème – en respectant les règles de base, c'est-à-dire pas de valeurs apparentes sur soi, le sourire, le bonjour et ne pas sortir la nuit tombée. Au revoir Mozambique.
Départ à 4 heures du matin et arrivée à la frontière 2 heures plus tard – terminus, le bus fait demi tour.
Malawi
Je passe la douane du Mozambique et me retrouve entre deux pays – la douane du Malawi est à 6 km. Tout le monde prend un taxi – je décide d'effectuer ces 6 km à pied. C'est agréable le matin, toute l'activité des champs, les gens qui se déplacent à vélo, à pied, ça me fait beaucoup de bien après les heures passées dans les bus au Mozambique. Je passe la douane, change de la monnaie dans la rue – heureusement que je connais le taux de change. J'en suis à ma sixième monnaie et ce n'est pas terminé. La valeur la plus étonnante était le metical au Mozambique : 1 € = 230 000 meticais.
Les minibus attendent les passagers pour les emmener à la grande ville la plus proche, Blantyre, à environ 100 km. On se croirait au marché aux bestiaux – chaque minibus a son rabatteur et ils se tirent les clients pour remplir le véhicule au plus vite. Les chauffeurs sont très nerveux, c'est presque la course, à qui ferait le plus de voyage dans la journée.
J'arrive à Blantyre la veille de noël, vers 11 heures du matin – hôtel, banque, emails, lessive – les occupations obligatoires du voyageur. Alors qu'en France tout le monde s'apprête à réveillonner je me couche vers 21 h30 en pensant que demain sera un autre jour.
25 décembre, jour de noël, petit déjeuner anglais complet, ça fait du bien pour une fois – et départ pour une longue marche hors de la ville. Premier arrêt, une église avec une messe de noël – j'y reste une demi heure – c'est en anglais, la langue officielle du pays, avec un prêtre blanc – une cérémonie pas très éloignée de nos messes mais avec des musiques à la Noah, très rythmées. On sent les gens qui se sont mis sur leur 31, et par le nombre de voitures à l'extérieur, sans doute une population assez riche.
500 m plus loin, une autre église. Je suis dans la banlieue de Blantyre et il est facile de repérer les cérémonies à l'église par la musique et les chants qui s'échappent des fenêtres ouvertes. J'entre bien sûr, c'est noël et je suis curieux. Je m'assois au fond de l'église. Pas du tout le même public, tenue classique, plein d'enfants et aucun rapport avec la messe de la première. La cérémonie se rapproche de ce que j'ai vécu au Swaziland, mais dans une vraie église avec des bancs. C'est en dialecte local et les gens dansent sur place en chantant. A un moment, tout le monde sort du banc et entame un cercle en passant devant l'autel pour revenir à leur place par l'autre côté. Les gens chantent, dansent et ferment les yeux en même temps – très proche du Swaziland mais pas de transe.
J'étais tellement pris par le spectacle que je n'avais pas remarqué que les hommes étaient d'un côté et les femmes de l'autre – et ….. j'étais bien sûr du mauvais côté – ce que je me suis empressé de rectifier.
Sorti de là, je m'enfonce dans la zone - pas vraiment bidonville, mais ça y ressemble. Je me dis que c'est aujourd'hui noël et je ne risque rien, ou beaucoup moins, pour ma sécurité. Pas de route mais des passages entre les maisons, du monde partout, des yeux étonnés, beaucoup de hello accompagnés de la main et plein de sourires en réponse. Quelques arrêts, des gens qui me questionnent sur ce que je fais ici, c'est très sympa. Les maisons semblent être conçues sur le modèle que j'avais visité à Soweto, près de Johannesburg, avec une pièce centrale qui sert de cuisine et pièce de vie, encadrée par une chambre de chaque côté. Les conditions de vie sont quand même précaires. Au Malawi, l'habitant a la réputation d'être très accueillant.
Reprise de la marche et nouveaux chants et musique au loin. Cette fois, c'est une église gospel protestante – que d'églises ici. Là, je ne me trompe pas, je choisis le côté des hommes. Les gens sont divisés en 3 groupes, les hommes, les femmes et les enfants. C'est la fin de la cérémonie – beaucoup de chants avec un orchestre – et les enfants avec quelques femmes se mettent à danser au milieu. C'est une danse individuelle sur une musique très rythmée. Impossible de passer inaperçu, il y a assez peu de monde, peut être une centaine de personnes dans une grande église où les groupes sont face à face. Une femme vient me remercier de ma présence – ensuite un homme m'invite à rencontrer le pasteur. Poufff – difficile de refuser – quelle galère parfois ! Je "monte sur scène" devant tout le monde pendant un chant pour serrer la main d'un vieux pasteur, que j'ai du mal à comprendre avec le bruit de l'orchestre. Il me présente sa fille, pas toute jeune, et je me présente, de France, et tatata et tatata….. il a l'air content – joyeux noël et au revoir. Ouff, il faut être à l'étranger pour oser quelquefois.
J'ai un peu honte de ma tenue de baroudeur parfois dans ces moments là, mais c'est quand même relativement simple ici.
Retour à l'hôtel vers 15 h 30. J'aurais pu prolonger ma promenade, c'est férié aujourd'hui et je sens l'alcool monter chez les jeunes dans la rue – pas de risque inutile.
Alors qu'hier soir il y avait peu de monde à l'hôtel, aujourd'hui toutes les tables sont occupées à l'extérieur, autour de la piscine. Un repas spécial noël était prévu ce soir et en raison de l'orage qui monte ils ont avancé le repas. Je n'ai pas vraiment faim mais comme je m'étais inscrit j'en profite. Je me sens un peu déconnecté de ces groupes de touristes arrivés aujourd'hui, surtout avec ce que j'ai vécu ce matin. Ici, c'est un peu le club med des safaris africains – aucun rapport avec les autres petits hôtels que je fréquente habituellement. On sent une clientèle d'un autre style, ça va des baroudeurs comme moi au chef d'entreprise qui descend l'Afrique en 4x4 avec chauffeur. Des hommes d'un certain âge accompagnés d'une minette noire très jeune – c'est le safari africain "complet". La clientèle est plutôt variée.
Le Malawi est un tout petit pays, 10 millions d'habitants sur environ le 1/4 de la superficie de la France. C'est l'Afrique noire-noire. Les habitants parlent l'anglais + leur dialecte. Ils ont la réputation d'être des gens de paix et on se sent aussi en sécurité qu'en France. L'économie est très pauvre, beaucoup de maisons dans les villages sont encore en terre et en paille. La brique, faite main, et la tôle remplacent les maisons traditionnelles à l'approche des villes. La plupart des hôtels que je trouve sur mon chemin sont basiques, des chambres très sombres, des WC sans eau et un robinet pour la toilette. Pas de télévision bien sûr et les nouvelles du monde me manquent un peu. Les soirées sont plutôt ennuyeuses car la nuit arrive vers 6 h du soir.
Les moustiques et la malaria font des ravages dans cette contrée – mieux vaut être bien protégé et utiliser la moustiquaire.
Le sida : Le sud du continent africain est le plus touché par le sida. Dans certaines régions on dénombre 15 à 20 % de séropositifs. Ce sont des chiffres à peine croyables, et la plupart n'ont pas accès aux nouvelles thérapies, trop chères. Mais paradoxalement on ne perçoit rien de tout cela dans la rue, et quand on pose la question ici, ils répondent tous qu'il faut entrer dans les maisons pour se rende compte du problème car les gens malades restent à l'intérieur ou sont à l'hôpital. Le problème risque malheureusement de persister encore des années du fait des mœurs différentes ici. Les relations entre hommes et femmes sont beaucoup plus libres, et …..rapides, que chez nous et les partenaires sont nombreux. Notre guide de Swaziland nous racontait que la plupart des hommes en âge de procréer pouvaient avoir 6 ou 7 partenaires différentes par semaine. Heureusement qu'ils ne font pas de test de paternité !
De plus, le préservatif n'est pas considéré ici comme une barrière aussi efficace que chez nous (?), et de ce fait beaucoup ne l'utilisent pas. Prudence, prudence !
Mua, un village à environ 150 km au nord, où se trouve une mission construite au début du siècle dernier. Je loge dans la mission, chez les frères, qui ont le sens des affaires - ici tout se paie en dollars. Enfin j'apprécie de temps en temps un peu de confort. Le village est très traditionnel et un marché particulièrement intéressant a lieu le lendemain matin. C'est le rendez vous des producteurs de tomates qui viennent du fond de la forêt, après quelquefois 3 ou 4 heures de marche. Les tomates sont transportées dans des "paniers" portés sur la tête pour être vendues à des grossistes venus de la ville. Je n'ose imaginer la ramification de sentiers qu'il peut y avoir en forêt.
Après un bref passage d'une journée et d'une nuit à Lilongwe, la capitale du Malawi, où je consulte et envoie quelques emails, je prends la direction de la Zambie, avec pour objectif de rejoindre un Lodge (hôtel pour touristes) dans un grand parc national, pour y découvrir les animaux sauvages.
Zambie
La dernière partie du trajet est effectuée debout dans la benne d'un petit camion bondé - pendant 5 heures. Difficile à décrire - mais qu'est ce c'est sympa. Il faut juste être en bonne santé.
J'arrive dans ce Lodge le soir pour la St Sylvestre et où j'ai droit à un petit repas simple avec barbecue. Ce n'est pas évident d'arriver à la dernière minute car beaucoup se connaissent déjà ou sont en groupe, mais c'est 100 fois mieux que d'être resté au Malawi. Ça me fait du bien de me sentir dans une autre ambiance.
Je reste 2 nuits dans ce parc avec des éléphants qui rôdent autour des chalets et des tentes, ainsi que des hippopotames la nuit. Cela peut être dangereux si l'on ne prend pas un minimum de précaution. Il y a beaucoup d'accidents avec la population locale. Le parc est équivalent à un département français. Les villageois vivent avec ce danger permanent, c'est une routine.
Nous sommes sortis par deux fois dans les camions aménagés pour découvrir la faune sauvage. Des éléphants à la pelle, des hippopotames, girafes, zèbres, deux lions, un léopard, une hyène, un python, et plein d'autres dont je ne me rappelle plus les noms. Deux jours importants où j'ai pu recharger mon moral, des gens sympas, une bonne ambiance entre touristes et de bons échanges. J'avais besoin d'un temps fort comme celui-là pour continuer mon périple.
Départ pour Lusaka, la capitale de la Zambie.
Le plus gros danger pour les touristes ici est la route car ils ont une approche du danger bien différente de la nôtre. J'ai plusieurs fois eu envie de descendre du bus, mais je n'avais pas de solutions de rechange.
Visite des chutes Victoria sur la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe. Elles sont classées parmi les plus spectaculaires chutes d'eau au monde, avec une largeur de 1 700 mètres et une hauteur pouvant atteindre 108 mètres.
Situées à 10 km environ de Livingstone, je prends un minibus pour m'y rendre et décide le retour à pied. Un minibus me double au retour et s'arrête pour me prendre – je lui signale que je veux marcher, mais il insiste – "c'est trop dangereux sur ce tronçon". Il me propose même de m'emmener sans payer – je refuse. Quelques kilomètres plus loin, un 4x4 conduit par un blanc s'arrête et me demande où je vais – Livingstone – OK, montez – merci, mais je veux marcher. Non, non, c'est beaucoup trop dangereux ici – régulièrement des touristes marcheurs comme vous se font attaquer et dépouiller – merci Monsieur. C'était donc vrai ! J'ai failli, en refusant d'écouter la population locale.
Namibie
Départ pour Windhoek, la capitale de Namibie, 18 h de bus en perspective, et une grande partie de nuit – dommage car nous traversons une zone avec des troupeaux d'éléphants, de buffles, et plein d'animaux de toutes sortes.
La température a diminué surtout sur la côte où les nuits sont plus fraîches - ce n'est pas désagréable. Ici c'est le contraste avec les autres pays que j'ai visités. C'est plus propre qu'en France et européanisé, avec des supermarchés où l'on trouve tout. La Namibie est très peu peuplée, 1 700 000 habitants, et en grande partie désertique - magnifique désert que je me suis payé le luxe de survoler. Dommage que j'étais malade dans l'avion, ça a gâché un peu la beauté du paysage.
C'est un pays riche de diamants exploités en grande partie par l'Afrique du Sud. Le pays est indépendant depuis 1991 seulement mais le pouvoir économique appartient toujours aux blancs. L'impression que j'ai est que les blancs dépensent et les noirs travaillent à leur service. Un grand fossé sépare les 2 communautés, comme en Afrique du Sud. La catégorie de pauvres sans aucune ressource est plus frappante que dans les pays précédents car tout est cher ici et les déserts ne sont pas propices aux cultures.
Je passe près d'une semaine à Swakopmund, sur la côte Ouest, une ville touristique en grande partie tenue par des Allemands. La Namibie est une ancienne colonie Allemande.
Je connais mes premiers symptômes digestifs depuis le départ et ça a l'air tenace – ma pharmacie personnelle ne m'est que peu de secours. Je loge dans un genre "pension de famille" et j'en discute avec une personne qui y loge à l'année. Cet homme, noir, d'origine Sud Africaine, intervient dans les villages de brousse pour aider et former les populations. Il me dit "à votre place je ferais un jeûne de 3 jours – vous n'avez pas besoin de médicaments. Maintenant si vous voulez consulter un médecin, vous avez le choix entre l'hôpital local et la clinique tenue par des Allemands. Mon choix est vite fait. Je me rends donc à la clinique où les conditions de médecine sont celle de l'Europe et j'en ressors avec un traitement. J'ai perdu l'appétit depuis quelques jours et je fais tout pour retrouver la forme physique – superbes petits déjeuners anglais et repas complets au restaurant.
Deux jours plus tard, je me paie le luxe de survoler le désert de Namibie – et je vomis pendant tout le voyage, près de 2 heures – un cauchemar. Bon, mon estomac n'est pas encore au top.
Retour en Afrique du Sud
Je décide de rentrer en Afrique du Sud - direction Le Cap, en bus climatisé. Là, mon énergie n'est toujours pas au rendez-vous et je consulte à nouveau une clinique privée qui me change mon traitement.
Je reste 4 jours dans cette ville magnifique. Visites "au ralenti" et repos dans la journée – pas d'énergie.
Je repars en me sentant un peu mieux pour la ville de George, 400 km à l'est du Cap, sur la côte sud.
Toute cette côte est très développée économiquement avec un niveau de vie comparable à l'Europe. On ne ressent pas du tout l'atmosphère de Johannesburg, la cohabitation blancs/noirs semble plus naturelle. Les blancs sont beaucoup plus nombreux aussi dans cette partie de l'Afrique du sud, peut être 30 à 40 % en ville alors que la moyenne nationale est d'environ 20 %.
Je rejoins Oudtshoorn, la capitale de l'autruche, à 60 km au nord de George - des milliers et milliers de spécimen dans les prairies, comme les troupeaux de vaches chez nous. La ferme que je visite compte 2500 adultes, plus les jeunes. Dommage que ce sont des visites touristiques, j'aurais préféré plus technique.
Mon périple touche à sa fin et ma tête est déjà à moitié en France. Depuis mon petit tour en avion au dessus du désert de Namibie où j'ai vomi pendant près de deux heures, mon voyage a perdu un peu d'attrait. J'ai du choper une bactérie au Malawi ou en Zambie qui m'a perturbé le système digestif. Depuis je suis en traitement mais ça me coupe un peu mon énergie, et j'ai modifié mon type de transport pour voyager plus confortablement.
Le lendemain je me dirige vers Johannesburg - 15 heures de bus encore. Je traverse une partie assez désertique et pas très attrayante mais c'est en partie de nuit. Et dimanche mon avion m'attend - direction Paris.
En Afrique du Sud, la population noire, environ 80 %, s’est libérée du pouvoir politique blanc, mais ne s'est pas libérée de sa misère. La population blanche détient toujours le pouvoir économique. Cela reste explosif malgré les apparences extérieures