Mission Haïti
Un tremblement de terre de magnitude 7,3 à atteint Haïti le 12 janvier 2010 occasionnant 220 000 morts et autant de disparus (estimation). La capitale Port au Prince a été très touchée.
L'ouverture des photos peut prendre un certain temps avec une connection lente
Le début de mon aventure remonte aux environs du 15 février 2010 quand je reçois un coup de fil de Daniel qui me dit : «l'association Solidarité Fraternité pour Haïti possède une crèche + école dans la banlieue de Port au Prince et a l'intention d'y envoyer une équipe de bénévoles pour reconstruire, suite au tremblement de terre. J'ai pensé à toi ! »
Ma réponse a été : « donne moi quand même 8 jours de réflexion, car ce n'est pas une petite affaire, ça change beaucoup de choses à mon programme de vie, mes engagements, et même un peu à l'aspect financier en ce moment car j'ai repris quelques activités sous le statut d'auto entrepreneur ». Le lendemain matin je rappelais en disant « c'est OK je pars ».
Dans un premier temps, il est prévu que je parte pour une semaine environ avec Daniel, vice-président de l'association, pour évaluer et préparer l'intervention d'une équipe plus étoffée. Notre départ est prévu le 9 mars. Mais quelques jours avant cette date, - contre-ordre : pour Marie Catherine, directrice de la fondation sur place, il est trop tôt pour intervenir et la situation n'est pas stabilisée. La terre tremble toujours et Marie Catherine ressent une population aux aguets. Toute intervention qui laisserait apparaître que de l'argent arrive dans le pays peut exciter la convoitise de ceux qui sont à la rue. A la crèche, un calme relatif règne et elle a peur qu'une intervention pour la reconstruction ne perturbe ce climat. Mon départ est annulé et Daniel part seul pour évaluer la situation sur place.
Le retour de Daniel avec ses photos permet d'appréhender l'ampleur de la tache qui nous attend sur place.
Le tremblement de terre et les dégâts dans Port au Prince
Je perçois un « flou » au niveau de l'association et une incertitude complète sur la date de départ. Deux à trois semaines s'écoulent et j'ai un peu de mal à vivre cette période car je ne peux faire aucun projet pour les semaines ou les mois à venir, je reste dans l'attente. Enfin une date est arrêtée ; ce sera le 25 mai. Je peux enfin me projeter dans le temps et organiser ces 6 à 7 semaines qui me séparent de la date de départ. Entre temps, 2 autres volontaires sont « recrutés ». Il est prévu que nous emploierons environ 20 personnes sur place pour nous aider, et dès la première réunion de préparation nous demandons une 4 ème personne, et, au final nous serons 6.
Deux réunions de préparation sont organisées pour étudier notre plan d'action sur place, à partir des photos - quel type de reconstruction à envisager des murs d'enceinte, susceptibles de résister à un éventuel futur séisme ? Des plans sont ébauchés et un choix est arrêté sur un mur de béton banché. Une maquette au 10ème est réalisée pour nous permettre de mieux appréhender les dimensions et de lister le matériel et les matériaux nécessaires. Nous savons que nous aurons des difficultés pour trouver ce dont nous aurons besoin sur place – avec la reconstruction les matériaux manquent et les prix flambent. Le matériel que l'on juge indispensable et difficile à trouver sur place est acheté en France.
Nous aurons droit à 2 fois 23 kg pour les bagages en soute + notre bagage à main, ce qui libère environ 30 kg par personne pour du matériel (X 6 = 180 kg)
Les billets sont achetés ; départ le 26 mai et retour prévu le 19 juillet, sauf moi qui envisage rester sur place pour voyager et découvrir un peu la région. Ma date de retour est fixée au 10 septembre, mais elle peut être changée à la demande car nous bénéficions de billets ONG, modifiables sans frais.
Nous listons les travaux à effectuer par ordre de priorité, sachant à l'avance qu'ils ne seront pas tous réalisés. Premier travail prévu en arrivant : construire une toilette sèche pour tous ces travailleurs qui vont envahir les lieux, nous serons 6, + 20 Haïtiens, peut être plus. Des plans précis de toilette sèche sont étudiés afin de gagner du temps sur place.
Un des membres du groupe, Jacques, partira 3 jours après nous. C'est lui qui est chargé de la logistique, c'est à dire des achats pour ravitailler le chantier. Ça va nous compliquer un peu la tâche car il a l'avantage de bien connaître Haïti pour y avoir séjourné à de nombreuses reprises. Nous arriverons à 5 et nous devrons nous répartir les tâches des achats ; cela ne sera pas évident pour certain dans un pays étranger. Trois personnes sur les cinq n'ont jamais pris l'avion.
L'ensemble (crèche-école, encore appelé fondation) couvre une surface d'environ 12 000 m² (1,2 ha) et est entouré de murs de 3 m de hauteur. Il était, car le tremblement de terre en a détruit une longueur de 370 m environ. L'espace a été clôturé provisoirement avec des tôles de récupération, mais reste une vraie passoire sur une grande partie. Le premier travail va consister à sécuriser la propriété par la reconstruction d'un mur d'enceinte. Une partie, côté rue, sera reconstruite en mur banché, c'est à dire en béton coulé sur place sur une hauteur de 2,50 m et l'autre en parpaings récupérés sur les murs qui se sont écroulés. Aux dires des locaux, le tremblement a créé comme une vague sur le sol, comparable à la vague sur la mer, et seuls les murs qui étaient dans le sens de cette vague ont résisté. Le problème de ce mur est qu'il avait été construit sans aucune fondation. Nous avons bien sûr comme consigne de reconstruire antisismique. Mais au fait, c'est quoi une construction antisismique ? Car même dans les pays comme le Japon, les constructions antisismiques ont leurs limites. Donc, disons que l'on va reconstruire avec de très bonnes fondations qui auront des chances de résister aux prochaines grandes secousses.
Mis à part les dégâts matériels, la crèche a été épargnée au niveau humain ; on ne dénombre aucune victime. Cet heureux bilan est dû en grande partie au sang froid de la directrice qui a vécu un autre tremblement de terre dans le passé et qui a très vite réagi au son de tasses qui s'entrechoquaient sur des étagères. C'était l'heure de la sieste et elle a vite fait sortir tous les enfants et adultes des bâtiments pour les réunir sur le terrain loin des constructions. C'était ….. le 12 janvier 2010 ; merci à Marie Catherine !
Quatre mois et demi plus tard, le 26 mai, nous partons pour reconstruire et la terre tremble toujours ; 2 secousses de 4 et 4,4 sur l'échelle de Richter 15 jours avant notre départ.
Pas question pour les volontaires d'augmenter les risques, nous allons dormir sous nos petites tentes individuelles. L'avantage de ces petites habitations individuelles est que l'on pourra s'isoler quand on en aura besoin - passer deux mois 24 h sur 24 ensembles pour des adultes qui ne se connaissent pas avant de partir, ce ne sera pas toujours évident. Psychologiquement, nous aurons déjà suffisamment de problèmes à résoudre sans en rajouter. Sur les 6 personnes, 5 sont retraitées et pour la majorité d'entre nous, l'expérience d'un vécu à l'étranger est très limitée. Ce qui nous anime est la volonté d'aide bénévole. Nous sommes conscients qu'il ne s'agira pas de vacances pour se reposer. Nous devrons nous adapter à la population et à sa culture et non l'inverse, même si c'est nous qui dirigerons les opérations. L'objectif de l'association est bien sûr de reconstruire, mais aussi de faire travailler des locaux et espérer qu'ils en tirent une expérience qui leur permettra de construire ou reconstruire pour leur propre compte. Le salaire local est d'environ 5 euros par jour et un salaire fait vivre 8 à 10 personnes.
L'enregistrement de nos bagages amène quelques discussions quand aux matériels transportés. L'ordre de mission pour Haïti aide à faire passer quelques kilos en plus – la catastrophe est toujours dans les mémoires. Le voyage s'effectue sans problème. Après une escale à Point à Pitre, nous arrivons en soirée et découvrons Port au Prince vu d'avion avant d'effectuer une belle boucle sur la mer pour atterrir dans le sens ouest-est. Les halls embarquement et débarquement ont été sérieusement touchés et sont hors service – le bus de transit nous conduit dans un hangar aménagé pour faire office de douane à 1 km environ. Marie Catherine nous attend de l'autre côté et nous embarquons, entassés comme des sardines, à 7, plus nos énormes bagages dans le 4X4 de la crèche. Il fait nuit et nous avons de la peine à imaginer les dégâts sur la rue. Nous nous installons dans le salon de Marie Catherine pour un rafraîchissement et l'écoutons. Elle nous dresse pendant une heure un tableau des dangers qui nous attendent, au point que l'on se demande ce que l'on est venu faire ici. Nous sommes debout depuis plus de 20 heures avec le décalage horaire et fatigués par le voyage, - nous n'espérons qu'une seule chose, manger et aller dormir.
Dimanche 30 mai
Petite pause dans l'après midi. Le chantier n'est toujours pas commencé, mais nous avons récolté les 2/3 des matériaux nécessaires. Nous avons été bloqués, ralentis dans nos achats par manque de finances à notre disposition. Le sujet argent ici est un sujet dangereux. Etre blanc est synonyme de richesse à Port au Prince - on suppose que les blancs ont plein de fric sur eux. Nous demandons à Marie Catherine (directrice de la crèche) de nous trouver une solution et nous ressentons qu'elle repousse l'échéance sans trop comprendre pourquoi. Hier, nous sommes partis à 5 plus le chauffeur pour aller à la banque, juste pour savoir s'il y avait eu de l'argent de viré à partir de la France. Un vrai parcours du combattant. Première banque - une file de 50 personnes sur le trottoir et que des Haïtiens. Nous remontons la file pour voir l'entrée, et demi tour, un masque de peur sur le visage de Marie Catherine. Dans la voiture, pas une parole, juste un signe au chauffeur pour lui dire de démarrer. Long trajet en ville pour tenter dans une autre succursale. Nous avançons au pas dans des « rues marchés », un peu comme des rues piétonnes où il faut se faufiler entre les piétons et où les vendeurs de rues se sont installés sur les déblais amassés sur les trottoirs. Arrivés devant la banque, même file sur le trottoir, un signe du doigt au chauffeur et nous continuons notre route. La tension se fait sentir dans la voiture – aucune parole échangée. Nous changeons de quartier pour essayer un autre endroit. Les embouteillages à Paris sont peu de chose comparés à la circulation à midi ici qui est un méli-mélo de piétons et de voitures, sans règles de circulation. On oublie presque les bâtisses écroulées de chaque côté des rues. Les maisons ont des inscriptions en vert, jaune, rouge, avec des numéros. Le vert signifie que la maison est habitable et le rouge à détruire. Ça reconstruit ou répare un peu partout, sans vraiment de gros chantiers. Beaucoup de rafistolage. On se retrouve dans Pétionville, banlieue sud de Port au Prince et on trouve enfin la banque. Pas de queue devant la porte, mais la sécurité trie les entrants. On nous ouvre la porte, à Marie Catherine et moi. Un homme de la sécurité passe son détecteur de métaux sur tout le corps, ça sonne de partout chez moi. Malgré cela, je suis autorisé à entrer et on prend la file. Alors que l'on est au milieu de tout le monde, Marie Catherine réussit à intercepter un employé qui nous prend en charge. Eh oui, c'est comme ça, le blanc peut parfois se sentir prioritaire – je ne cautionne pas du tout, mais je suis. Tout se passe normalement, mais le montant viré de la France est 3 fois inférieur au montant annoncé. Bon, on peut déjà faire quelques chèques. Encore faut-il que les magasins acceptent les chèques. Tout est compliqué. Deux achats importants sont quand même effectués, mais pour un, il faudra une photocopie du passeport.
Retour au point de départ, le compte est presque épuisé et on doit attendre un autre virement par un autre procédé que la banque. Je ne connais pas tous les détails, mais il semble que la banque soit une voie très risquée car l'info qui circule est que certains employés des banques signalent à des gens mal intentionnés un virement important et ensuite le détenteur du compte est surveillé. On signale des cas de prises d'otages ou de meurtres, mais je ne peux pas juger de la véracité des faits. En attendant, une certaine psychose s'est installée et les gens ont peur.
L'insécurité se ressent un peu partout avec beaucoup de magasins, mêmes petits, où un ou deux hommes armés sont derrière la porte.
On a pour consigne de ne jamais sortir seul et sans signaler notre sortie – on le fera quand même, comme si nous refusions de s'imprégner de cette psychose.
Dans l'enceinte de la crèche, 1,2 ha, des militaires français réalisent quelques travaux également. Ils rejoignent leur campement le soir mais leur présence est remarquée dans la journée, ce qui peut dissuader un peu les mauvaises intentions pour la nuit. Deux gardiens sont présents chaque nuit, mais le comble est qu'on ne peut même pas leur faire confiance. Le comportement que l'on découvre est déconcertant, et on en est qu'au 4 ème jour. Cela promet.
En ce qui concerne l'état des dégâts dans Port au Prince suite au séisme, nous n'avons pas eu vraiment de choc. Sans doute avait on déjà vu tout cela à la télé ! Les camps de toile sont immenses et nous sommes à la saison des pluies …. qui sera suivie de la saison des cyclones à partir du mois d'août. Comme par hasard cette année les cyclones sont annoncés plus importants que les années précédentes. La température de l'eau de mer n'est jamais descendue au-dessous de 25° et c'est signe de turbulences importantes à venir. Personne ne sait comment le pays sortira de ces bidonvilles improvisés. Les militaires et les représentants des ONG défilent dans la fondation et on ne peut pas dire qu'ils soient positifs sur l'avenir, mais qui croire ? La plupart roule en 4X4 climatisés qu'ils laissent tourner en permanence pour avoir la clim en entrant dans le véhicule. L'aide est indispensable, mais dans certains cas elle est une provocation vis à vis de la population.
Après 4 jours de présence, notre organisme n'est pas encore complètement adapté au climat. La transpiration due à cette chaleur moite fait que l'on porte des vêtements trempés de sueur du matin au soir.
Le soir, nous réintégrons nos tentes "climatisées" avec la chaleur de la journée. Nous dormons dans la tenue d'Adam sans vraiment espérer de fraîcheur. Le bruit de la rue persiste toute la nuit et les coqs, sans doute déréglés par le séisme, commencent à chanter à 2 h du matin. La récupération est loin d'être optimum.
L'électricité et l'eau ne sont pas permanentes - il y a des coupures dans la journée, mais on va s'y habituer et faire avec. Pour les travaux on pourra utiliser un groupe électrogène.
La crèche a reçu ce matin la visite d'une députée française, madame X, présidente ou responsable d'une commission pour l'adoption en France, accompagnée du consul local. Grande cérémonie avec gendarmerie, représentation militaire et tout et tout. L'image de la fondation semble importante pour l'extérieur, mais j'avoue que je zappe un peu ce côté pour me concentrer sur mon engagement dans la reconstruction.
Marcel, un des membres de notre groupe, n'est pas bien depuis quelques jours et son état de santé ne s'améliore pas malgré les temps de repos qu'il s'accorde. Ses jambes sont gonflées et très dures. Il a été vu par un médecin militaire qui ne donne pas beaucoup d'informations supplémentaires. Il n'est pas bien non plus dans sa tête et prend conscience qu'il va peut être être obligé de nous quitter. Sa santé avant le départ, le climat, la nourriture, le stress, c'est toute cette accumulation qui nous amène à cet état.
Le samedi, 5 juin, nous décidons avec son accord son retour en France au plus vite car personne ne veut prendre de risques, les conditions sanitaires ici ne sont pas au top et Marcel prend habituellement beaucoup de médicaments pour des problèmes divers. Nous réussissons à le mettre dans un avion le dimanche pour la France, billet qui sera payé 1500 $US, alors qu'il avait son billet de retour avec une date modifiable. Une réclamation est faite auprès d'Air France par l'association de Renazé !
C'était son premier grand voyage, son baptême de l'air, et nous nous sommes quittés avec un gros pincement au cœur.
Ce type d'expédition est une première pour l'association et il aurait été souhaitable de passer un examen médical pour tous avant de s'engager pour une telle aventure.
Nous avons toujours depuis le début des problèmes pour le transfert d'argent de France vers Haïti, et cela devient problématique. Marie Catherine est obligée d'avancer des fonds destinés au fonctionnement de la crèche-école et nous, nous collectons nos propres devises pour continuer à acheter le strict nécessaire pour la préparation.
Dix Haïtiens sont embauchés 10 jours après notre arrivée, pour commencer un déblaiement et nettoyage des lieux. Nous disposons juste de pelles et brouettes. L'armée française qui travaille sur le même site pour la construction d'un réfectoire dispose d'un tractopelle et nous essayons de négocier leur intervention. Celle-ci viendra quelques jours plus tard et comme un heureux présage, ils sont en manque de marchandise et se proposent d'affecter un groupe de "bidasses", pour les occuper, au déblaiement pendant quelques jours. Ouah, c'est autre chose que nos haïtiens au travail.
L'armée française : C'est une section de "formation /éducation" pour des jeunes un peu désœuvrés qui acceptent de s'engager pendant 6 mois environ en compensation d'une formation : peintre, construction, électricité. C'est le régime militaire encadré par des gradés ayant effectué une formation professionnelle.
C'est tout bénéfice pour l'association, tout est gratuit, fournitures et main-d'œuvre, mais le résultat du travail est du niveau amateur. C'est OK pour Haïti, sauf pour les parties un peu techniques où les malfaçons se manifesteront dans les années à venir. Nous n'étions bien souvent pas en accord avec leurs méthodes de travail, mais ce n'était pas de notre responsabilité, et nos relations et notre coopération sur le site étaient très bonnes. Nous devions reconnaitre à la fin que sans la présence de ce détachement français sur les lieux, le mur d'enceinte côté rue n'aurait pas été terminé à la date de retour de notre équipe.
La nourriture est simple mais bonne, à base de riz, de maïs et haricots. Très peu de viande, quelques œufs, des fruits, bananes, pastèques, mangues. Ça me convient très bien en temps normal, mais ici, il nous aurait fallu une alimentation en rapport avec notre condition.
Le logement est sous tente de camping sauf pendant 3 ou 4 jours suite à l'inondation totale du terrain, y compris nos tentes. Deux d'entre nous, Jacques et Alain, n'ont pas regagné les tentes après le ressuyage du terrain. Je trouve qu'il fait plus frais la nuit dans les tentes et les risques en cas de nouvelles répliques de tremblement de terre la nuit sont nuls.
La température de la journée est toujours de 30 à 35° et les nuits sont très chaudes. Pas de grasse matinée possible le dimanche matin, les premiers rayons de soleil transforment notre tente en four.
Réunion avec les voisins : Une réunion est organisée avec les voisins pour les informer de la reconstruction du mur de séparation. Personne ne sait à qui appartenait ce mur, mais une chose est sûre, ils ne donneront leur accord que si on ne les met pas à contribution. La plupart arrive sur le terrain sur leur "31", comme pour aller à la messe. Le quart d'heure "mayennais" se transforme en "heure haïtienne", et ce qui est le plus pénible n'est pas l'attente mais le maintien d'un sujet de conversation. C'est une population très hétéroclite, un peu démunie, mais qui veut bien tout. On les sent stressés car le complexe d'infériorité est très fort vis à vis du « blanc ».
La circulation est très difficile dans Port au Prince. On peut être bloqué dans des bouchons une partie de la journée, si bien que l'approvisionnement en matériel et matériaux est très lent. Et comme nous partons de rien il manque toujours quelque chose.
Il faut être très vigilant avec le matériel. Les normes américaines utilisées ici sont différentes de l'Europe. Quand on achète des boulons, les côtes sont en pouces et non en cm et il faut acheter les clés correspondantes. Toutes les mesures sont en pouces ou en pieds. Le filetage est au pas américain et différent de nos tiges filetées ramenées de France, - et bien sûr, nos haïtiens mélangent les écrous. Travailleurs ayant les nerfs à fleur de peau s'abstenir !
Les Haïtiens utilisent dans le vocabulaire une monnaie fictive, le dollar haïtien, et nous les payons en gourdes, qui valent 0,2 dollar haïtien. Certains magasins affichent les prix en dollar américain, qui équivaut à 8 dollars haïtiens. Toute une gymnastique qui est bien rentrée en tête maintenant.
Nous payons les Haïtiens 250 gourdes (5 euros) par jour et ils bénéficient du repas du midi sur place. C'est vraiment peu pour vivre ici.
Presque tous les après midi nous avons un orage qui monte et un jour sur deux de la pluie en quantité très variable. La pluie arrive surtout en soirée ce qui ne nous perturbe pas trop dans le travail. Sauf ce dimanche 6 juin qui s'est terminé par des trombes d'eau qui ont déclenché des torrents dans les rues qui nous entourent. Nous étions juste couchés quand nous avons entendu l'eau qui arrivait sur notre terrain en contrebas de la route. Nous observions l'eau monter et envahir les tentes les plus basses. La décision a été prise d'évacuer tous les enfants de la crèche, logés en tente depuis le tremblement, dans les locaux en dur - 25 au total, dont beaucoup de bébés. L'opération a duré environ 2 heures. A la fin de l'opération seuls les lits métalliques des enfants sont restés, mais baignés dans 30 cm d'eau. L'armée (minustha (*) du Népal est venue avec pelles et pioches pour essayer de trouver une évacuation, une sortie de l'eau du terrain.
(*) Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti
Pas d'école pendant 3 jours, le temps que le sol des classes installées sous les tentes se ressuie.
Dimanche 13 juin
C'est un jour off (non travaillé). Petit-déjeuner à 8 heures au lieu de 6 h 30 pour les autres jours de la semaine. Vers 10 h, toute l'équipe va visiter un musée sur la transformation de la canne à sucre et le midi, nous sommes invités à manger chez les Népalais, une des forces de l'ONU composant la « Minustha » pour le maintien de l'ordre dans le pays. C'est très sympa avec un repas simple. Les Népalais viennent souvent à la fondation pour apporter des vivres pour les enfants et ont lié de bons contacts avec la directrice. On a une directrice très « relations » qui sait jouer de ses charmes - pour le bien des enfants bien sûr.
Côté travaux, on avance à la vitesse haïtienne, c'est à dire très lentement par rapport à nos prévisions. Le départ de Marcel dimanche dernier nous handicape un peu. Cela nous fait un encadrant en moins et ne nous libère pas pour la préparation. Nous avons demandé une à deux personnes de France supplémentaires et nous devrions avoir de l'aide à partir de jeudi prochain. Avant de partir de France, nous imaginions nommer des Haïtiens responsables de petits groupes mais cela nous paraît malheureusement impossible. C'est un peu la déception de ce côté car il faut toujours être sur leur dos, toujours contrôler ce qu'ils font. Quand on leur explique une tâche, ils disent toujours oui, et 3 mn après on s'aperçoit qu'ils n'ont pas compris. On recommence et on fait les gestes devant eux, et il faut recommencer régulièrement. C'est un côté épuisant. Notre éducation très cartésienne a beaucoup de mal à comprendre ce fonctionnement. Si on n'est pas sur leur dos en permanence, ils s'arrêtent et regardent autour d'eux, attendent on ne sait quoi. La meilleure solution est de travailler comme eux et avec eux. Mais pendant ce temps, on ne peut rien préparer.
La semaine passée nous avons employé entre 10 et 12 Haïtiens, alors que nous en avions prévu 20. Nous savons dès maintenant que nous ne ferons pas l'ensemble du chantier qui était programmé.
Nous avons reçu des nouvelles de Marcel - une semaine après son retour en France, il va un peu mieux mais est toujours en attente des résultats d'examens.
Depuis quelques jours, la directrice à pris les services de gardiens armés suite à un vol de panneaux solaires sur une propriété voisine. Nous trouvons qu'elle est un peu obnubilée par le danger ici et elle a tendance à le communiquer autour d'elle. Des employés des ONG seraient régulièrement enlevés contre rançons. Le voisin du chauffeur a été tué de 2 balles dans la tête,... Peut être a t-elle raison !
Je suis beaucoup sorti dans la journée depuis mon arrivée et n'ai jamais ressenti de malaise. Il faut dire que les ONG se baladent dans leurs 4 X 4 tout neufs et font de la provocation dans un pays qui n'a rien. Quand nous sortons nous sommes en tenue de travail, aussi sales que les Haïtiens, et il est clair que pour eux, nous sommes là pour travailler. Je ne connais pas le sujet suffisamment pour juger en profondeur le comportement des ONG mais nous entendons beaucoup de critiques.
Toujours pas d'internet à la fondation alors qu'on nous avait annoncé qu'internet fonctionnait. C'est handicapant pour communiquer avec la France. Moi, en plus qui ai fait l'acquisition d'un net book (mini micro ordinateur) pour écrire et communiquer avec l'internet par wifi. Aller dans un cyber-café après la journée est très compliqué, on est très pris par le travail et très fatigués le soir avec la chaleur. Nous espérons que cela viendra bientôt quand même.
Jeudi 17 juin : arrivée de René, un nouveau membre dans l'équipe pour remplacer Marcel.
Vendredi 18 juin : nous coulons notre premier banchage. Nos plans de panneaux ont tenu leurs promesses.
Dimanche 20 juin : petite sortie sur une plage en bord mer à 60 km au nord de Port au Prince. Ce n'est pas de tout repos mais cela nous permet de sortir un peu de notre « casernement ».
26 juin : départ de Jacques qui avait la responsabilité du personnel Haïtien et des approvisionnements. Nous devons restructurer l'équipe pour répartir les taches de chacun.
Dimanche 27 juin : nous sortons sur les hauteurs de Pétionville (banlieue riche de Port au Prince). Vue magnifique de la capitale à 1300 m au dessus de la ville. L'après midi nous allons visiter Port au Prince et surtout sa partie la plus touchée par le séisme. Nous restons suffoqués par les dégâts et l'état de la ville. Alors que les quartiers où nous étions passés depuis notre arrivée nous paraissaient en voie de reconstruction, les zones les plus touchées n'ont pas bougé, elles sont restées identiques au lendemain du tremblement. Notre chauffeur Alex refusait de visiter certains quartiers et on sentait qu'il n'était pas rassuré. A plusieurs reprises, on ne s'est pas senti très bien non plus, des zones où les rats grouillaient et les gens assis sur le trottoir nous faisaient signe de dégager avec la main. Les images de la télé ne peuvent pas transmettre ce climat de vie. C'est comme le disaient certaines personnes, les survivants dans la rue sont KO debout. Aucun moyen de réagir, aucune aide visible pour les visiteurs-curieux que nous étions, sauf à côté de la cathédrale, une distribution de soupe populaire dans la rue. Nous sommes revenus sans voix et il nous a fallu du temps pour digérer notre vision cauchemardesque. On ne voit pas ce que l'on peut faire en présence d'une telle situation. Ce n'est même plus à l'échelle humaine. Le pays n'a aucun moyen pour faire face et les intervenants extérieurs ne font que du saupoudrage, avec médiatisation à outrance bien sûr. Il est probable que dans 6 mois voire un an, la situation n'ait pas beaucoup évolué. Le programme de relogement avec construction de village à 10 ou 20 km de Port au Prince ne représente que quelques pour cents des besoins et déracine les personnes déjà très vulnérables.
Premier juillet : nouveau briefing – cette fois par les militaires de l'ambassade de France sur la sécurité en Haïti. Pour résumer ; les statistiques montrent que les agressions envers les intervenants étrangers augmentent et qu'il peut être très dangereux de sortir le soir. Les recommandations sont : ne sortez dans la journée que par nécessité et jamais seul, n'ayez pas d'horaires fixes pour vos sorties, faites circuler de fausses infos sur les horaires de vos sorties, etc. etc. … très rassurant !
Début juillet : nous sommes 5 pour encadrer 26 Haïtiens et l'un d'entre nous, Joseph, se fait une déchirure musculaire au bras droit, ce qui signifie qu'il ne pourra plus travailler physiquement à plein régime jusqu'à la fin de la mission. L'équipe se réduit, alors que la fatigue du groupe se fait de plus en plus sentir. La meilleure preuve est quand nous passons tous sur le pèse-personne et que la perte de poids de l'équipe s'étale entre 5 et 10 kg. Bien sûr, on remet en cause l'appareil, mais on nous affirme qu'il est juste..... à vérifier au retour !
Devant la lenteur de l'avancement des travaux, nous nous posons la question de faire des choix prioritaires pour au moins terminer le mur de protection côté rue. Par intermittence et en fonction des travailleurs disponibles, nous avons commencé le déblaiement et les fondations du 2ème mur côté voisins. Les fondations sont presque terminées. Grosse discussion entre nous et pour une fois nous ne faisons pas l'unanimité dans la décision à prendre – une personne est contre l'arrêt de ce mur. La majorité suffit pour prendre une décision mais la cohésion du groupe est également très importante. Il nous faudra attendre une bonne journée pour que nous puissions envisager sereinement ce type de décision.
Nous décidons d'abandonner le deuxième mur et consacrer 100% de notre énergie sur le premier, qui avance, mais malgré tout, je doute qu'on l'aura terminé à la date du 17 juillet, date de retour en France pour l'équipe.
L'idée d'une prolongation de quelques jours est en discussion mais est loin de faire l'unanimité. Il serait dommage de laisser quelques mètres, car on sait que personne ne reprendra notre technique de banchage ici. Sur les 5 restants, 2 sont prêts à prolonger de quelques jours, une personne part à la date prévue, une donne priorité à sa famille (sous-entendu : je rentre), et moi qui suis indécis : je souhaite pouvoir prolonger, mais j'annonce que ma décision sera en fonction de ma fatigue.
Approvisionnement en sable et gravier : Les principaux produits d'approvisionnement en grande quantité étaient le ciment, le sable, le gravier, la ferraille et le bois. La marchandise a un prix fixe chez le commerçant et même s'il est un peu négociable pour une grande quantité, l'étranger (le blanc) est assuré de payer le même prix que les autres. Sauf pour le sable où c'est le transporteur qui va le charger à "la carrière" et fixe le prix en fonction de la distance et surtout du client. Nous recherchions au début le meilleur sable possible et un moment je m'arrête pour voir un tas de sable sur le trottoir et prendre un échantillon. Le chauffeur de la crèche me dit : "oui, il est très bon celui-là, on l'utilise beaucoup parce qu'il permet de mettre moins de ciment" ! Allez chercher après les raisons pour lesquelles les maisons s'écroulent.
Nous avons essayé de négocier un prix, mais surtout un approvisionnement régulier, et dans les temps demandés pour ne pas bloquer le chantier. Il nous fallait pour cela toujours avoir au minimum la valeur d'une journée de marchandise devant nous. Le système a bien fonctionné jusqu'au moment où le chauffeur, soit disant pour manque de temps nous a livré deux fois de nuit. La seconde fois, juché sur le tas précédant et alors qu'il avait amorcé le bennage du camion je m'aperçois avec Alain que le milieu du camion n'était pas rempli. Je fais stopper le déchargement et l'invite à venir observer. La réponse est "c'est normal, c'est pas nous, c'est la machine". Nous lui faisons remarquer que ce n'est pas la machine qui a relevé tous les bords du camion pour faire un creux au milieu. Je lui dis "on arrête tout, tu repars avec le camion". Il cherchait bien sûr à discuter - et nous avions besoin de sable. Pour finir, j'ai fait mon propre prix - à prendre ou à laisser. Et Alain et moi sommes partis. Il a fini par décharger le camion et à chaque livraison suivante, il nous invitait à vérifier le remplissage de celui-ci. Nous devions toujours être sur nos gardes et ne jamais faire confiance – c'est dur parfois.
Mardi 6 juillet : Alain se réveille avec un bon torticolis….. sans doute une manifestation de la fatigue. Depuis une semaine, je me sens très fatigué et je ne dors pas très bien. Je suis oppressé toutes les matinées. J'ai l'impression que les forces m'abandonnent. Alors qu'au début on portait les panneaux de banchage à deux je demande 3 personnes pour m'aider à les porter. J'en parle autour de moi depuis quelques jours, mais toute l'équipe est fatiguée et on fonce tête baissée car la tâche est là.
Mercredi 7 juillet : Ce matin est un déclic pour moi – je suis oppressé toute la matinée et pas très bien dans ma tête. Il faut que j'arrête si je ne veux pas le payer plus tard. La décision est prise et le midi j'annonce au groupe que ce sera ma dernière journée de travail. Coup de bambou sur la tête – c'est vrai que ma décision paraît brutale pour tous mes collègues. Je ne suis bien sûr pas compris, mais pour moi ma santé doit passer avant le mur et je resterais ferme la dessus même si l'ensemble du groupe, la directrice en tête, essaie de me faire changer d'avis. Elle n'a manifestement rien compris à mon malaise. Elle oublie que si j'en suis arrivé là, c'est dû bien sûr à la grande fatigue physique, mais aussi au climat relationnel qui perturbe "le mental". Je ne m'étendrais pas sur la personnalité, car chaque individu est différent et je ne veux pas en faire une affaire de personne. Ce sera pour moi un demi-échec malgré tout car je n'aurai pas pu aller jusqu'au bout de ma mission. J'ai été trop loin, pensant que j'aurais pu tenir jusqu'au bout. J'étais désigné comme le meneur du groupe et ne me sentais pas le droit de décrocher. Je devais montrer l'exemple et "tirer devant". J'aurais dû lever le pied plus vite pour m'économiser, mais on ne refait pas le film !
Encore une semaine et le mur sera terminé par les autres membres de l'équipe. Même si l'équipe est bien rôdée et que je leur fais confiance pour terminer le mur, en arrêtant ainsi je ne leur fait vraiment pas un cadeau.
Mais le mur devrait rester malgré tout une référence dans le pays car la technique de banchage sur un mur aussi haut n'est pas monnaie courante ici.
Jeudi 8 juillet : je passe une partie de mon temps sur internet dans un cyber café. J'ai une soif de communiquer avec la France. Nous sommes coupés du monde et cela alourdit le climat du mal-être malgré nous. Je prépare mon sac pour partir le plus vite possible de la crèche car je ne tiens pas à rester ici alors que les autres membres sont au travail. Je partirais le lendemain matin pour une destination de repos avant de me lancer dans la deuxième étape, prévue comme touriste en Haïti.
J'opte pour un petit village isolé en demi-montagne où je trouve à loger chez l'habitant. L'objectif est de me retaper et ressourcer avant d'aborder le voyage. Je dors beaucoup, 15 heures par jour. Je marche dans les alentours, mais m'aperçois que je n'ai pas d'énergie, une heure de marche et je suis épuisé. Je me dis qu'il va me falloir du temps. Au bout de 4 jours j'en suis toujours au même point et doit me rendre à l'évidence qu'il va sans doute falloir renoncer au voyage touristique et rentrer en France. Décision très difficile, mais nécessaire. Pour voyager dans ce pays, il faut être en pleine possession de tous ses moyens physiques et mentaux et je ne veux pas prendre de risques. Les structures sanitaires sont quasi inexistantes ici.
Nous avons mal géré notre séjour !
Pour tous c'était une première et nous avons voulu donner le maximum de nous même. Or, nous avons fait abstraction que nous n'étions pas chez nous, que les conditions de vie étaient totalement différentes : climat, conditions de logement, nourriture, stress, etc. Nous avions des objectifs, et nous nous sommes jetés à corps battus dans notre mission, 10 à 12 heures par jour et 7 jours sur 7 au début, sans aucun temps de repos.
Une mission comme celle-ci doit être gérée différemment avec des temps de récupération, qui doivent être de vrais temps de repos, et non des balades touristiques comme c'était notre cas dans la deuxième partie de notre séjour.
Le devenir d'un pays comme Haïti ?
Difficile de voir du positif. Tout notre groupe avait la même réflexion. Depuis 6 mois que le séisme est passé, la vie a repris dans Port au Prince, du moins c'est ce qui nous est apparu pendant une grande partie de notre séjour, jusqu'au jour où nous sommes allés visiter la partie la plus touchée. Et là, nous avons vu que rien ou presque rien n'avait bougé. C'est toujours le cauchemar et on a l'impression que cela n'intéresse plus personne. Le pays n'a manifestement pas les moyens de faire face à cette situation. Les aides des ONG se sont concentrées sur la nourriture, l'eau, la santé, le logement sous tente, mais les tentes ici ne durent qu'au maximum 6 mois (exemple vécu). Il faut prendre en compte aussi que les aides ont eu comme contrepartie de perturber l'économie locale en affectant le petit commerce alimentaire. Les emplois créés par toutes ces structures d'aides temporaires ont, par le niveau des salaires très supérieurs, introduit des inégalités. Les prix ont augmenté dans des proportions insupportables pour la population, spécialement dans le domaine de la construction où l'offre ne pouvait plus faire face à la demande.
Maintenant que les aides sur le terrain commencent à diminuer le pays va progressivement être livré à lui-même. Les milliards promis par les gouvernements n'arrivent pas et s'ils arrivent, les structures locales quasiment inexistantes sont dans l'incapacité d'utiliser cette aide à bonne escient. Il n'y a pas d'administration forte, pas de police forte, pas de structure routière et il est fort probable que devant une telle situation, une partie des aides n'aille pas là où elle serait nécessaire.
Les investissements étrangers dans le pays sont quasi nuls. Le territoire ne représente pas suffisamment de stabilité et de sécurité pour attirer les entreprises.
C'est un pays démocratique avec élection, où les hommes politiques font des promesses pour être élus (pas chez nous !!). Et comme ils ne peuvent les tenir, la contestation revient en permanence dans la rue, d'autant plus active que le pouvoir est faible, sans moyens de maintenir l'ordre. Les forces de l'ONU (minustha) essaient de pallier à ce manque depuis 2004 environ, mais elles sont là depuis si longtemps qu'elles sont prises un peu comme une provocation, une occupation, exhibant la richesse et le pouvoir des pays riches. On ne voit vraiment pas comment ils pourront sortir de cette situation. Si les forces de l'ONU partent, le pouvoir sera aussitôt dans la rue avec une recrudescence très rapide de la mafia.
Ainsi s'achève cette mission pour moi. Nous la prévoyions difficile, mais elle a dépassé nos prévisions de départ. Malgré l'arrêt une semaine avant la fin, cette aventure restera pour moi gravée dans ma mémoire comme une super expérience.