Du 14 septembre
au 10 décembre
2008
Au menu de ce voyage, une boucle parcourant 4 pays ; Thaïlande, Laos, Vietnam et Cambodge. Comme d'habitude, aucun itinéraire à l'avance, c'est le vent qui me mène.
Départ de Paris le dimanche 14 septembre vers midi en faisant une escale de 6 heures à Koweït city, pour arriver à Bangkok vers 10 heures le 15, - un décalage horaire de 6 h.
Arrivé sur place, j'ai besoin de 3 jours environ pour m'habituer à ce nouveau climat chaud (30-35°) et très humide. Tout est moite, les vêtements, les draps. C'est la saison des pluies avec une température malgré tout plus supportable que pendant la saison sèche.
Le quartier où je réside pendant 2 jours à Bangkok est envahi de touristes. Tout est organisé pour pomper leur fric : taxis, restos, magasins, hôtels,... c'est un passage presque obligé si l'on veut obtenir quelques papiers, dont un visa pour le Laos en ce qui me concerne. Tous les services pour touristes sont présents. J'y passe le minimum de temps car j'y suis déjà venu lors de mon long voyage au siècle dernier et j'y reviens en fin de boucle avant de rentrer en France. La circulation y est impossible, la pollution +++, le bruit 24/24 h, c'en est trop pour un provincial. Mais il y en a qui aiment cette ambiance. Ici, en Thaïlande, il y en a pour tous les goûts, ceux qui viennent pour les plages dans le sud, souvent accompagnés de la consommation de drogue – ceux qui visitent le pays, et bien sûr le tourisme sexuel.
Les 6 premiers jours, il pleut tous les soirs sous forme d'orage. Cela dure 2 à 3 heures et le soleil revient. C'est de la pluie tiède un peu comme sous la douche. A l'exception des fortes précipitations, les gens continuent leurs affaires comme s'il ne pleuvait pas. Les vêtements sont humides mais une heure après, tout est sec.
Je suis depuis 3 jours à Maesot sur la frontière avec le Myanmar, que l'on connait sous son ancienne appellation : la Birmanie. Cela se situe environ à
mi distance entre Bangkok et l'extrémité nord de la Thaïlande. C'est une région qui parait un peu paumée sur la carte, mais elle ne l'est pas du tout. On y cultive le riz, la canne à sucre, le
maïs, et... malheureusement comme dans beaucoup de pays "en développement" on brûle la forêt pour augmenter les surfaces à cultiver.
Pour effectuer les 100 derniers km, j'ai pris un minibus pour atteindre Maesot, genre Van Toyota - 15 personnes à bord. Pas de place pour nous autres grands européens pour placer nos genoux -
dur, dur. Mais le plus difficile à accepter c'est la conduite, avec une zone de montagne à franchir. On double partout, les lignes... connait pas. C'est un point qui peut me faire hésiter à
visiter les zones de montagne.
Je loue un vélo pour 2 jours (0,60 €/jour) et parcours plus de 50 km le premier jour, par une température de 30° à l'ombre, 42 au soleil. C'est vrai qu'il fait chaud et je sue à grosses gouttes, mais je pense que maintenant mon corps est acclimaté. Ce dont je souffre le plus, c'est la selle de vélo, plus exactement ce qui touche la selle. Mon c.., lui, n'est pas encore habitué au vélo. Les prix sont bien raisonnables ma foi ; hôtel environ 4 € (pour ma catégorie) - repas entre 0,50 et 1 € - coca, 0,20 €. Et pour les transports, c'est correct également ; minibus, 100 km = 1,20 € - bus 1ère classe, 260 km = 4,50 € - 2ème classe, 260 km = 3,50 €. Demain matin (21/9) je pars en bus pour le nord du pays avec pour objectif de passer la frontière avec le Laos et descendre le Mékong en bateau, mais pas de programme précis. Tout va bien, je suis au pays du sourire.
Depuis la frontière avec le Myanmar je remonte sur 2 jours jusqu'à l'extrême nord de la Thaïlande, à Chiang Khong, sur les bords du Mékong. Petite déception au premier abord, je l'imaginais plus imposant. Assez peu de trafic, il charrie une eau très terreuse comme on dit chez nous. Les gens biens parlent d'une eau chargée de limon. Pour la taille, c'est vrai que l'on se trouve ici à peut être 4000 km de son embouchure et qu'il grossit au fur et à mesure qu'il avance. Il fait quand même 100 à 200 m de large, tout est relatif.
J'avais prévu descendre le Mékong en bateau mais ce sera pour une autre fois ou un autre lieu. Je reste quelques jours côté Thaïlande avant de traverser. Je loue une petite moto pour la journée (4 euros + l'essence) et je parcours 240 km. Je traverse les petits villages les plus éloignés possible des grandes routes pour découvrir la vie "profonde" des habitants de la région. Bien dommage qu'il y ait la barrière de la langue, les contacts restent malgré tout limités. N'en déplaise à ceux qui défendent la langue française, mais vivement que tous les habitants de la planète parlent l'anglais.
La région nord-est est assez vallonnée avec de très grandes vallées. Tout pousse ici et on cultive toute l'année sans tenir compte des saisons. Pour donner un exemple, dans 3 parcelles qui se touchent on peut en avoir une où l'on récolte le maïs mûr, une autre où on le sème, et la troisième où le maïs mesure 80 cm. Les méthodes de travail restent très artisanales et très physiques.
Il semble qu'il y ait deux populations différentes avec un contraste saisissant dans la tenue vestimentaire entre les travailleurs des champs et le reste de la population. Alors que la plupart sont en tongs, shorts et T-shirts, ceux qui travaillent aux champs se protègent du soleil et semblent habillés comme en hiver chez nous ; chapeau Thaï, avec un grand tissu qui recouvre une partie du dos, veste à manches longues, souvent des gants, et aux pieds des baskets avec chaussettes qui semblent doublées sur la jambe. Je suppose que c'est pour une protection des serpents car j'en ai vu un qui m'a rappelé à la prudence. Certains ont même un foulard qui entoure le visage ne laissant apparaitre que les yeux. Dur dur le métier dans ces conditions.
On ne s'embête pas ici avec les chasses d'eau qui fuient toujours. Les petits hôtels les ont supprimées. A côté, un robinet avec un seau et une gamelle. Pour une petite commission, 1 gamelle - pour une grande, 2 gamelles. Qui a dit que c'est nous qui avions inventé les chasses d'eau économiques ?
Le nord de la Thaïlande fait partie du fameux triangle d'or avec une partie du Laos et du Myanmar. C'était la région très réputée pour la production de drogue. Le commerce a soit disant disparu mais les guides touristiques parlent encore d'une consommation locale importante. Il faut quand même rester vigilant et bien cadenasser son sac pendant les transports. Certains se sont retrouvés avec de la drogue à leur insu, et ici ça coûte cher.
Il n'a pas plu depuis 4 jours et la température a encore augmenté. J'en suis presque à regretter la pluie.
Dans quelques heures je passe au Laos et j'en profite pour utiliser internet côté Thaï. De l'autre côté ce sera beaucoup plus difficile et 5 à 10 fois plus cher.
Encore une nouvelle monnaie en perspective, le kip, et son taux n'est pas évident à mémoriser : 1 euros = 12000 kips.
Laos
Laos au 30/09/2008. Je suis dans ce pays depuis 6 jours et déjà plein d'images dans la tête. Un gros décalage avec la Thaïlande qui fait office de pays riche comparé au Laos. Un peu moins de sourire mais les gens sont charmants et je me sens en totale sécurité dans la rue. Comme en Thaïlande, les gens sont cools, aucune agressivité les uns envers les autres. Par contre, le bruit est partout, même les coqs s'en mêlent et ils sont des centaines à se répondre le matin.
Le Laos représente un peu moins de la moitié de la superficie de la France pour 6 millions d'habitants.
La pétanque est un sport très prisé ici et ils jouent surtout très bien. J'ai pris ma pâtée à deux reprises. L'électricité n'est pas distribuée partout dans les villages. Dans un hôtel où je suis passé, le groupe fonctionne de 19 à 22 heures et le propriétaire distribue des bougies.
Dès ma deuxième nuit, j'ai récolté des sortes de puces que j'ai dû transporter d'hôtel en hôtel, sans doute dans mon sac. J'ai été obligé d'acheter une bombe insecticide pour traiter toutes mes affaires. J'en donnerai un petit coup également dans les casques de moto que je loue de temps en temps.
Prudence sur les routes car il y a beaucoup de piétons, mais aussi des chiens, des volailles, des cochons, des vaches avec leur veau, etc.
Le nord est une région très montagneuse et les routes sont plutôt en mauvais état. Nous sommes en saison des pluies et la montagne s'éboule un peu partout - les tractopelles sont à l'œuvre pour dégager la route. A deux jours près, à Oudom Xai dans le centre nord, je tombais en pleine inondation. Le niveau de la rivière a monté de + de 8 m en faisant de très gros dégâts sur le rivage. Les habitants déblaient et mettent à sécher tout l'intérieur de leur maison sur le bord des routes. C'est très triste à voir et encore plus triste dans un pays pauvre où ils n'espèrent aucune aide.
Dans tout le nord du Laos la montagne se déboise progressivement au profit des plantations d'hévéas, l'arbre à caoutchouc. La sève récoltée prend la direction de la chine. On sent vraiment la présence des chinois ici, ils ont en général de gros 4X4. Ce n'est pas une invasion armée mais plutôt une invasion économique. C'est plus discret et c'est censé aider le pays. Je suppose qu'ils font de même avec tous les pays limitrophes. Il faut souhaiter que les Laotiens continuent en parallèle à cultiver leurs cultures vivrières qui les nourrissent, sinon ils risquent comme en Afrique d'être dépendants de l'étranger, avec toutes les conséquences que cela comporte
Les services sont moins présents qu'en Thaïlande et je dois anticiper plus - par exemple j'ai été 2 jours sans pouvoir retirer de l'argent - 1er jour, le distributeur ne fonctionnait pas et nous étions un dimanche - à la ville suivante, panne de courant, donc pas de distributeur.
Aujourd'hui, impossible de trouver un vélo ou une moto à louer – bon, tant pis, je marche et je suis même pris en stop par un motoculteur avec remorque - jamais je ne l'aurais imaginé. Heureusement qu'il était là car à un endroit je ne pouvais pas passer à pied, c'était trop boueux.
Les ethnies sont très nombreuses dans cette région et les visages sont très différents. Les charges sont portées dans le dos et retenues avec une lanière qui passe au dessus de la tête - et bien sûr, ce sont principalement les femmes qui portent.
Demain, je pars pour l'extrême nord et des villages qui seront sans doute difficiles à atteindre. Ce ne sera pas un trajet de tout repos et je ne suis pas sûr de trouver facilement à me loger, mais ça fait partie de l'aventure.
Ma montée vers le nord a buté à la frontière chinoise (10/12/2008).
J'achète mon ticket de bus à Oudom Xai et j'apprends une fois dans celui-ci que la route est coupée par des éboulements de montagne - le trajet est dévié par la Chine. Je n'ai pas de visa et apparemment personne n'en possède dans ce bus - donc pas de panique, on verra à la frontière. Peut être donnent-ils un laissez-passer provisoire ? Eh oui, en effet, tous les Laotiens ont droit à leur laissez-passer – mais les deux étrangers du bus ont un statut particulier à qui on demande un visa. Résultat, on descend du bus à la frontière, nous n'irons pas plus loin dans cette destination. Ce sont les aléas du voyage. En Europe, les passagers étrangers auraient été avertis avant de partir. Mais ici, je ne suis même pas sûr que les vendeuses de billets étaient au courant de la déviation. Le chauffeur de bus proposait bien de donner une enveloppe au douanier pour obtenir ce laissez-passer, mais …. et si je ne pouvais revenir ?
Changement de programme - et retour sur mes pas en poussant jusqu'à Muang Ngoi pour une autre destination - vers des villages entre deux chaines de montagnes et accessibles uniquement en bateaux. J'accède au premier village après une heure de bateau. Après avoir déposé mon sac à dos à l'hôtel, je pars découvrir les alentours par les sentiers – ce n'est que de la forêt. Je rencontre un troupeau d'une vingtaine de buffles envasés – seul le haut du dos et la tête sont apparents. Ils passent les heures les plus chaudes de la journée ainsi au frais. Le sentier longe ce trou d'eau et quelques buffles sortent en me fixant. Je me dis qu'ils sont normalement apprivoisés et que je ne dois pas craindre grand-chose mais j'avoue que je ne suis pas rassuré – aucun geste brusque de ma part. Je croise quelques travailleurs de retour au village.
Au village, en soirée les hommes se regroupent autour d'un terrain de pétanque. J'ai bien sûr été sollicité pour participer, mais ils jouaient trop bien pour moi et j'ai préféré les regarder. C'est une attraction en soirée avec 20 ou 30 personnes autour et beaucoup de jeunes pères avec leurs enfants dans les bras ou sur les épaules. C'était inhabituel pour moi de voir les pères s'occuper des enfants comme cela.
Le lendemain je pars à pied seul, pour rejoindre le premier village à deux heures de marche. Une partie du sentier est correcte mais d'autres parties sont beaucoup plus difficiles. Il faut passer par des rochers et traverser deux rivières dont une avec de l'eau jusqu'aux genoux. On finit par les petits talus en zigzag entre les rizières. J'y ai croisé 2 hommes à l'aller qui portaient des sacs de riz sur le dos jusqu'au village d'où j'étais parti. Et ce trajet est le quotidien des habitants qui veulent se rendre jusqu'à la rivière navigable. Tout est porté à dos d'homme. Dans d'autres régions du monde on utiliserait des ânes pour transporter, mais en Asie on ne semble pas connaître. Arrivé dans le village je découvre une vie paisible, on se croirait deux siècles en arrière. Même pas un vélo, il ne servirait à rien, il n'y a pas de sentier pour rouler. C'est magique.... On ne ressent pas la misère. La nourriture ici est abondante, riz, animaux, volailles, chasse... Le froid, on ne connait pas dans la région. Marcher dans la boue c'est le quotidien à la saison des pluies, et ici les habitants sont nés avec, au point qu'on ne recherche même pas à aplanir une butte ou boucher un trou sur le sentier qui se remplit d'eau à la première averse. Mais là je raisonne en européen, et ce n'est pas bien, car on n'est pas sûr d'avoir toujours raison avec notre "toujours plus de progrès". Je suis persuadé que dans ce village bon nombre d'anciens n'ont jamais vu d'automobile de près, autre que sur l'écran de la télé, car ils ont quand même de l'électricité avec des groupes qui fonctionnent de 18 à 22 heures en général.
Magique ce village, c'est un moment très fort du voyage. J'y ai récolté deux sangsues dans mes chaussures en traversant les rivières. Elles avaient la grosseur d'un ver de terre. On ne sent rien, mais quand on enlève les chaussures on découvre ces petites bestioles noires sur le pied. On les retire et ça saigne, saigne sans s'arrêter. Je n'ai compris qu'à la deuxième sangsue qu'elles doivent secréter un genre d'anticoagulant en même temps qu'elles vous sucent le sang.
Je reprends le bateau et remonte la rivière jusqu'à Muang Khua plus au nord. Nous sommes trois et il faut négocier fort pour le bateau. Le trajet dure environ 8 heures avec une escale dans un village où nous prenons un repas sur la rue. La ville de Muang Khua n'offre pas beaucoup d'intérêt mais les paysages sur le trajet sont magnifiques.
Retour à Muang Ngoi où j'aurais été environ une semaine un peu coupé du monde.
Je m'habitue tellement aux habitants de ce pays que, par moments, j'ai l'impression que je suis comme chez moi en France. C'est un signe que je m'y sens bien. Tous les guides parlent d'un peuple adorable et je confirme.
Direction Luang Prabang, à environ 300 km au nord de Vientiane, la capitale. Cinq heures de camion-bus bondé pour rejoindre cette ville, avec comme compagnons de voyage 2 chèvres, des crabes et des rats des forêts, dont un est sorti de sa caisse en bambou pendant le voyage ; c'était folklo. Ils les mangent bien sûr et il parait que c'est très bon.
Luang Prabang est une ville magnifique, un marché de rue très animé tous les soirs et où les touristes en profitent pour faire des achats.
Je pense me poser 2 ou 3 jours ici avant de repartir vers de nouveaux lieux.
La plaine des jarres : Un site touristique à ne pas manquer selon les guides. Je serais plus restrictif car le trajet pour y accéder est long et si vous avez vu des reportages sur ce site vous ne découvrirez rien de plus. Des centaines de jarres éparpillées sur différents sites, un peu à l'image des menhirs en Bretagne. Elles ont été taillées dans la pierre et pèsent d'une à sept tonnes. Beaucoup sont cassées. La zone a d'ailleurs été l'objet de bombardements massifs des Américains lors de la guerre du Vietnam et une partie du terrain n'est toujours pas déminée.
Ces réalisations datent de plus de 2000 ans et les archéologues ne connaissent pas l'origine exacte. De nombreuses légendes locales sont avancées mais elles ne sont guères plausibles.
Au Laos, et surtout en ville, beaucoup de femmes et jeunes filles se protègent du soleil avec leur ombrelle, y compris sur les motos. Elles enfilent même juste les manches d'une veste pour se protéger les bras. En fait, c'est un peu à l'inverse de chez nous où l'on cherche à bronzer, à obtenir une peau mate. Ici on cherche à éviter d'assombrir la peau, le bronzage n'est pas de mode.
Vientiane, la capitale est une ville facile pour circuler - j'y fais du vélo pendant 3 jours (location, 1 euro/jour). J'en profite pour obtenir les 2 visas qui me manquent, le Vietnam et le Cambodge.
J'arrive juste au moment du festival qui a lieu chaque année à la fin de la saison des pluies. Cela dure 3 jours. Un genre de grande braderie - fête foraine au bord du Mékong. Une foule de badauds où il est difficile de circuler à pied - sono à fond, poussière, chaleur - point trop m'en faut. J'ai eu du mal en arrivant pour trouver un petit hôtel, tout était complet. L'apothéose est une course de bateaux sur le Mékong avec environ 50 rameurs dans chaque embarcation. Les concurrents viennent de toutes les régions et aussi des pays voisins.
Je me lance à la recherche d'une personne qui est venue dans ma région au cours d'un échange – j'ai une adresse, mais les adresses n'ont rien à voir avec chez nous et dans cette banlieue de Vientiane on ne connait pas le nom de ses voisins, ni même bien souvent le nom des rues. J'abandonne cette piste et me prépare à quitter le Laos.
Adieu Laos, un pays pauvre mais où on oublie très vite cette "pauvreté" tant les gens sont calmes et accueillants.
Vietnam
La ville d'Hanoï ne m'intéressait pas vraiment, c'était une escale obligée. J'y suis arrivé de nuit après un trajet de 24 heures en bus, Vientiane-Hanoï. Au réveil, ça a été une découverte, une vraie fourmilière humaine. Difficile à décrire, les photos ne seront pas assez expressives, il faudrait un film. Chez nous, on a les voitures qui circulent et quelques 2 roues : vélos, motos ; mais ici, ce sont les petites motos avec quelques voitures et vélos. Cela ne va jamais très vite mais les rues sont envahies et grouillent vraiment comme une fourmilière. Quelques feux qui sont assez bien respectés, mais en dehors de cela dans la plupart de carrefours il est impossible de dire s'il y a des règles de priorité. Imaginez toutes ces motos qui se croisent aux carrefours en ne s'arrêtant pratiquement pas, en tournant à droite, à gauche, se frôlant à quelques cm. La comparaison avec la fourmilière ne peut pas être plus proche. Et les piétons traversent de la même manière dans la fourmilière. Au début, on pense qu'on ne va jamais pouvoir traverser, et puis on fait comme tout le monde, avec les fesses sans doute un peu plus serrées pour les touristes. Il est hors de question ici que je loue un vélo ou une moto.
Les trottoirs sont envahis de motos en stationnement, des alignements en épis qui bloquent bien souvent tout le passage des piétons. Les boutiques sortent leurs étalages sur le trottoir - les restaurants, les tables et chaises. Une multitude de vendeurs plus ou moins ambulants s'installent également. Paris est un désert en comparaison.
J'allais oublier le bruit. Toutes ces motos ont un klaxon de voiture et cela fait une charmante musique d'ambiance.
J'avoue que c'est agréable à découvrir pour un visiteur de passage qui ouvre grand ses yeux, mais le petit village d'Athée, même bien animé, est quand même plus reposant.
Un train passe en pleine ville entre les maisons. On imagine une rue empierrée de 4 m de large bordée de maisons dont la sortie donne sur la rue. Eh bien, au milieu de cette rue, c'est une voie ferrée et il reste 1,50 m maxi entre la voie et les maisons. Les enfants jouent dans la rue, les petites motos circulent, il y a même des petites boutiques, des restaus..... J'ai acheté un coca pour regarder un peu plus longtemps cette ambiance et j'étais en discussion avec le jeune qui me faisait payer beaucoup plus cher qu'ailleurs quand un train de marchandise est passé à 1 m de nous, pas à la vitesse TGV bien sûr. Personne ne prêtait attention au train ou aux enfants. Même que pris par ma réclamation, j'allais oublier de prendre le train en photo.
Tout peut se transporter sur une moto, ou presque tout, jusqu'à une vache vivante, de type jersiaise, en travers sur un genre de petite palette, les pattes attachées et la tête pendante – c'est passé trop vite, pas le temps de sortir l'appareil. Par moment, les tableaux sont tellement instantanés que j'aimerais avoir un appareil photo à la place des yeux et où je n'aurais qu'à cligner de l'œil pour prendre la photo. En plus mon appareil date déjà de quelques années et il s'écoule 1 à 2 secondes entre la pression du doigt et la prise de vue.
Le chien ici est à toutes les sauces ; dans la rue bien sûr, mais aussi à l'étalage. Et on ne peut pas le confondre avec un autre animal car même mort, cuit et découpé il montre encore bien ses crocs. Je pense que les photos seront expressives. La carcasse est précuite et ils en font des brochettes que les gens mangent dans la rue. Après avoir pris les photos, je me dis "je suis incapable d'en manger", j'avais même des frissons en y pensant. Je vais manger plus loin un repas plus commun sur la rue. Et puis je reviens sur mes pas en me disant que c'est trop bête, que jamais je n'aurais une occasion plus facile d'en manger. Je commande une brochette et m'installe à une table. En même temps je commande un coca pour aider à la digestion, au cas où mon subconscient ferait blocage...... aucune efficacité sans doute, mais...... Eh bien, c'est très bon - une viande un peu nerveuse quand même. Bon, si on regarde bien les photos on n'est pas surpris. J'ai appris par la suite qu'ils ne mangeaient que les jeunes chiens, les vieux étaient trop durs. J'espère qu'au retour les mauvaises langues ne diront pas que j'aboie plus fort qu'avant.
Je pars sans doute demain pour la baie d'Along à quelques heures d'Hanoï, avec je l'espère d'autres découvertes intéressantes.
Une idée du petit déjeuner quotidien au Vietnam : un bol de nouilles avec un genre de ciboulette, auquel ils ajoutent des morceaux de poulet (ou poule) cuits à l'eau et taillés à la serpette. Le bout des os sont bien sûr agressifs à sucer. Comme je suis bien élevé je mets les os sur la table à côté du bol - mais ici ça ne se fait pas. Il faut les mettre sous la table. Ca donne une idée de la propreté à la fin de chaque repas. Je crois que j'apprécierai mes premiers petits déjeuners à la française à mon retour.
La baie d'Along : c'est une baie très réputée dans le monde puisqu'elle est classée au patrimoine mondial par l'UNESCO. Environ 2000 rochers de toutes formes et toutes tailles émergent de la mer. On appelle cela des pains de sucre. Le film Indochine a été tourné en partie dans ce décor. C'est un lieu très touristique et bien sûr très organisé pour récolter cette manne. Je ne veux pas entrer dans ce jeu et je cherche un bateau local, public, pour me rendre sur une île au delà de la baie. C'est un peu le parcours du combattant avec la barrière de la langue. Je sais que je vais sans doute manquer quelques très beaux rochers mais je veux vivre ce périple différemment, avec une autre vision.
Le bateau est comparable à un bus de mer – il dessert différentes iles et villages flottants sur la mer pour arriver sur l'ile de Quan Lan. Je loue un vélo pour la journée – l'ile est plate et mesure 15 km de longueur.
Une matinée et un "repas de chien" dans la baie d'Along ! C'est différent de l'expression bien de chez nous quand on dit qu'il fait un temps de chien.
Vers 10 h du matin, j'arrive dans un cul de sac au bord de la mer et je vois 3 - 4 gars déposer un chien agonisant sur la route. Ils l'avaient tué pour le manger tout simplement. Dix minutes plus tard ils repartent avec le chien par des petits sentiers - je les suis. Ils sont surpris au départ et m'encouragent dans un deuxième temps à les suivre. Au bout de 500 m, nous arrivons à une maison, ils déposent le chien, en n'oubliant pas de lui donner le coup de grâce avec un gourdin car il remue toujours un peu. Pendant que l'eau chauffe dans une marmite, ils m'invitent à boire le thé avec le père, et ensuite jusqu'à 1 h 30 environ c'est la scène que l'on connait chez nous quand on tue le cochon à la ferme. Même tableau mais dans les conditions du Vietnam avec des gars de 25 à 35 ans - échaudage - grattage des poils - brûlage sur un petit brûlis de branchages - découpe dans l'eau de la mer.... La tête et les pattes sont jetées aux poissons. On récupère tout le reste comme dans le cochon, y compris les boyaux et l'estomac qui sont lavés dans l'eau de mer. On revient de la mer avec tous les gros morceaux et la carcasse. Ensuite près du puits, on découpe tout cela en petits morceaux, carrés de 5 cm environ, pour les cuire. Le découpage se rapproche plus du petit bois que l'on coupe à la serpe que de la technique du boucher.
Je commençais à me dire depuis un petit moment jusqu'où cette histoire allait m'emmener, mais j'étais prêt à aller jusqu'au bout.
Tout le chien est mis à cuire dans les marmites avec quelques herbes, puis on se remet en place pour un autre thé, accompagné cette fois-ci par quelques verres d'alcool de riz. Et là, je leur annonce que je vais les quitter pour continuer ma route. Pas question …… je dois rester à manger avec eux. Je m'y attendais.
Quand la viande est cuite – redécoupe en plus petits morceaux sur le billot, y compris les boyaux coupés en petits tronçons de 2 à 3 cm. J'en ai déjà mangé dans des soupes de nouilles du matin – mais je ne peux pas dire que c'est très appétissant.
Nous passons à table, façon de parler à l'européenne car on s'installe au sol autour des gamelles de viande, de sauces, et un peu de papaye. La famille s'agrandit très vite à ce moment là pour se retrouver à 17 adultes et un enfant. Le repas se déroule à la façon asiatique - on pioche dans les plats avec ses baguettes et on trempe dans la sauce pour ramener notre prise soit à la bouche directement, soit dans sa petite soucoupe devant soi.
Menu : 90 % de chien, 10 % papaye + quelques herbes. Pendant le repas la seule boisson disponible sur la "table" est leur alcool de riz - genre calva chez nous, servi dans des petits verres à liqueur. On remplit tous les verres et on boit, cul sec, tous ensemble. A la fin du repas la fréquence des culs secs s'accélére, toutes les 5 mn environ. Je me suis dit, il va falloir que je gère ma sortie avant qu'il ne soit trop tard car je ne connais pas les coutumes du pays avec l'alcool. En fait tout s'est bien passé. Ils avaient l'air ravis d'avoir eu un étranger pour partager leur repas, et ce bonheur était bien réciproque.
Il a fallu quand même "ramer" pour surmonter la barrière de la langue. Je ne parlais aucun mot vietnamien et ils ne parlaient pas un mot d'anglais. Les gestes, l'écriture, mon guide du routard, ma carte, les bruitages, tout y passe pour alimenter la conversation.
Question menu, ça ne valait quand même pas les brochettes de Hanoï. Sur le chien qui devait peser une vingtaine de kg nous avons dû en manger les 3/4. Pas de photos de chien. A un moment j'ai demandé, et on m'a fait signe que non, Ensuite j'ai privilégié l'atmosphère à la photo.
Je rencontre par la suite une jeune Vietnamienne mariée à un Français sur le bateau du retour et elle me dit que j'avais eu beaucoup de chance car ils ne tuaient un chien que pour des occasions très particulières - je ne saurais jamais laquelle.
Sorti de la baie d'Along, je pars vers le nord pour essayer de découvrir les nombreuses minorités ethniques qui y vivent. C'est une des régions les plus pauvres du Vietnam et les transports et déplacements y sont plus difficiles avec des routes un peu délaissées.
Un exemple ; sur le dernier tronçon pour me rendre dans un petit village près de la frontière Chinoise, nous avons mis une heure pour faire les 15 km de piste où les véhicules s'embourbaient devant nous. Mais le vécu a été à la hauteur de la difficulté. J'y allais pour un marché qui a lieu tous les 5 jours du calendrier lunaire. Ne me demandez pas comment calculer la correspondance avec notre calendrier, j'ai compris que c'était assez compliqué. Encore une fois j'ai eu la chance avec moi puisque le marché avait lieu le lendemain de mon arrivée. C'est un marché aux bœufs, aux cochons, volailles, chiens, et tout et tout, avec toutes les couleurs locales des ethnies qui y vivent. Difficile à décrire en dehors des photos.
Dans le minibus de retour, j'ai ma première demande en mariage !!
Revenu sur Hanoï, j'hésite entre l'avion et le bus pour rejoindre Saïgon – 1500 km au sud. J'opte finalement pour le bus couchette où on m'annonce 30 heures de voyage. Cela se traduira par 3 bus différents, dont la moitié en siège classique, avec de longs arrêts et une durée totale de 48 heures – c'est ça aussi le voyage. Il me faut positiver sur ces côtés moins agréables en profitant des paysages.
Je reste seulement 2 jours à Saïgon et me dirige vers le delta du Mékong.
Le Vietnam est un régime communiste du nord au sud depuis le départ des américains en 1975, mais il reste malgré tout encore un peu divisé en deux. Le nord est plus pauvre que le sud, où malgré un régime politique communiste l'économie semble avoir pris les règles du capitalisme. Si bien que dans les guides on parle de 2 capitales, Hanoï pour la politique et Saïgon pour la capitale économique. Officiellement c'est Ho Chi Minh, mais depuis plus de 30 ans que la ville a changé de nom le nom Saïgon est partout utilisé.
Le voyageur n'a pas l'impression de parcourir un pays communiste, aucun contrôle, on ne voit pas de policiers ou militaires ; les compagnies de bus, les hôtels se font une concurrence très ouverte. Le seul point qui pourrait nous y faire penser est la télé, mais on le devine seulement par les infos ou les programmes car on ne comprend pas le langage.
La population ; 85 millions d'habitants sur les 2/3 de la superficie de la France. C'est un pays tout en longueur, environ 2500 km du nord au sud. Le taux de croissance entre 1997 et 2006 a été de 7,5 % par an (tout juste 2 % en France pour la même période). Les exportations augmentent de 25 % par an et à ce rythme avec la jeunesse actuelle, dans moins de 30 ans on pourra compter le Vietnam parmi les pays développés. Bon courage à notre vielle Europe qui s'obstine à maintenir tous ses acquis !
Les hommes étrangers qui voyagent seuls au Vietnam dans les lieux isolés,non touristiques, peuvent crouler sous les propositions de mariage. Même des vieux comme moi ! ! Ce n'est pas triste du tout quand les femmes sont en groupe - et pourtant je ne comprends pas un mot de vietnamien. Beaucoup de femmes doivent rêver d'un mariage avec un occidental. Avis aux amateurs.
Le delta du Mékong : même démarche que précédemment, les tours organisés ne m'intéressent pas. Je fais mon itinéraire et mon programme moi même. Le plus difficile est de se décider sur une région à visiter car le delta doit couvrir une surface formant un triangle isocèle d'au moins 150 km de côté. Le guide du routard est précieux pour le choix.
Je me pose à Vinh Long, une ville de 150 000 habitants à 130 km au sud de Saïgon. J'y laisse les 4/5 ème de mes bagages et pars à vélo avec le minimum dans mon petit sac à dos. Gros handicap - je ne trouve pas de carte détaillée sur le delta, seuls les grands bras et canaux sont représentés sur ma carte. Si vous allez faire un tour sur Google earth en prenant l'option satellite, vous y verrez certaines parties en clair, ça donne une idée du gruyère. Au départ, je pensais que je pourrais me repérer mais en moins d'une heure il ne me reste plus que le soleil comme guide. Bon, eh bien on continue, je n'ai plus le choix. Ce ne sont que des sentiers, de 2 m pour les plus larges et jusqu'à 50 cm boueux pour les culs de sac, avec des petits ponts qui enjambent les petits bras ou canaux du Mékong. Les seuls moyens de locomotion sont les bateaux, les motos et les vélos.
Le soleil comme guide, ça aide quand on va relativement droit, mais les sentiers suivent les cours d'eau, c'est à dire pas droit du tout. Je me perds une bonne dizaine de fois dès le 1er jour et impossible de demander mon chemin car je ne sais même pas moi même où je veux aller, sauf le village de Cai Bé où existe un marché flottant. Au final, je réussi je ne sais pas comment, à traverser la zone du sud vers le nord, j'arrive sur le bord du bras principal du Mékong, je prends le bac pour rejoindre l'autre rive et je finis par atteindre Cai Be.
J'ai traversé un vrai paradis terrestre avec plein d'habitations le long des bras et des canaux. Des arbres fruitiers partout, les orangers, les cocotiers, les goyaviers, des "charcutiers" (blague), et plein d'autres dont je ne connais pas les noms. Une verdure impressionnante, la terre est tellement enrichie par les alluvions chaque année que tout pousse. A la vue des maisons c'est une région très riche. Je suppose quand même que les conditions de vie doivent être difficiles pendant les périodes d'inondations.
Le lendemain à 6 heures je suis au marché flottant. En fait, c'est un marché de gros où les producteurs apportent leurs marchandises en bateau. Je m'attendais à quelque chose de plus spectaculaire. On voit le transbordement des marchandises en plein milieu du cours d'eau avec tout un va-et-vient de bateaux, y compris les cantinières et les buvettes ambulantes. J'avais vu un marché flottant de détail en Thaïlande, "au siècle dernier", avec les mémés dans leurs barques à rames, c'était autre chose et plus intéressant qu'un marché de gros. Mais c'est la contrepartie quelquefois de beaucoup voyager, on devient plus difficile.
Je reste 4 jours dans cette zone avec mon vélo et mon petit sac à dos. L'atmosphère calme, les gens, les paysages sont tellement dépaysants que je n'arrivais pas à partir.
Retour à Vingt Long et destination Can Thau, la capitale économique du delta, à 40 km au sud. Là, je me contente de parcourir un petit village de pécheurs sur l'autre rive du fleuve. Merveilleux également et très authentique. Et dire qu'il va être rasé dans quelques années pour y construire un superbe complexe touristique avec hôtels à 4 ou 5 étoiles - quel gâchis historique et humain pour le voyageur qui recherche l'authenticité. Mais "business is business" et les investisseurs immobiliers sont comme chez nous et avec beaucoup moins de scrupules.
Je vais quitter le Vietnam avec une image à deux facettes. C'est un super beau pays où les gens sont adorables dans les zones non touristiques. Par contre dans les zones touristiques ils peuvent faire preuve d'une agressivité mercantile très désagréable. Si bien qu'un jour où je cherchais dans mon guide une adresse d'hôtel à la descente du bus j'ai demandé aux personnes qui me pressaient physiquement si elles ne voulaient pas s'assoir sur mes genoux. C'est une population qui vit avec le bruit - la rue, la radio, la façon de parler, ils crient au téléphone, et dans un bus ce n'est pas triste.
Attention toutefois à mon jugement rapide, mais ils n'ont pas de chance, ils viennent juste après mon passage au Laos avec une population très très calme que j'ai adorée.
Demain, je m'apprête à quitter le Vietnam pour le Cambodge où une autre aventure m'attend. Je prévois rejoindre Phnom Penh par bateau en remontant le Mékong.
26/11/2008 – la journée débute par la visite d'un village flottant, avec les commerces – tout est construit sur radeaux et la circulation est soit la passerelle flottante soit la barque à rames – des centaines de maisons. D'immenses viviers sont installés sous certaines maisons où l'on y place le poisson pêché que l'on nourrit avec du granulé jusqu'à ce qu'il atteigne un poids recherché pour sa vente.
Je remonte donc un bras du Mékong en bateau du sud du Vietnam jusqu'à Phnom Penh la capitale du Cambodge. Le bateau nous emmène dans un premier temps jusqu'à la frontière - petite pause sur les berges pour tamponner les passeports aux deux postes de douane et déjeuner. Un autre bateau nous attend côté Cambodge et nous emmène jusqu'à 80 km environ de Phnom Penh où un bus prend le relais jusqu'au centre ville que nous atteignons de nuit. Le tout pour 7,50 €, non compris le déjeuner.
Au passage de la frontière nous percevons aisément la différence de richesse entre ces deux pays, le Cambodge étant nettement plus pauvre.
Cambodge
L'arrivée à Phnom Penh nous plonge dans une autre ambiance, une foule immense envahit les rues, c'est l'anniversaire de l'indépendance et ça dure 5 jours. J'y reste 4 nuits et j'ai droit à 4 feux d'artifice. Je sors de cette foule deux jours pour visiter des villages extérieurs car c'est un peu oppressant, surtout quand arrive 16/17 heures où tous les badauds envahissent les pelouses pour pique-niquer et se diriger ensuite vers les berges du Mékong. Contrairement à chez nous, le défilé de chars ici se passe sur l'eau. J'utilise les transports en commun pour sortir de Phnom Penh et ce n'est pas triste - souvent une moto à laquelle on accroche une grande remorque avec des bancs pour les passagers – il est préférable d'avoir le sens de l'équilibre pour ne pas être éjecté.
A part Angkor, les fameux temples, je n'ai pas d'idées précises de lieux de visite comme j'avais au Vietnam avec la baie d'Along et le Delta du Mékong. Je décide de me rendre dans le nord-est du pays, à Ban Lung - une région isolée avec des villages habités par différentes ethnies. J'y loue un vélo le premier jour, puis une moto le lendemain. Aucune route - que des pistes de terre avec une poussière aveuglante au passage des voitures, ce qui rend le masque obligatoire. Nous avons de la pluie en fin d'après midi les deux jours que je passe dans cette ville et là, on voit toute la difficulté de la vie locale par ce type de temps.
La piste est composée d'une terre argileuse extrêmement collante lorsqu'elle est humide et j'ai été contraint avec le vélo de faire un peu de marche à pied. La terre s'agglutinait entre le pneu et le garde-boue et empêchait la roue de tourner. Avec la moto, j'ai été victime d'une chute sur un pont en bois rendu glissant par la terre avec comme résultat une bonne égratignure au genou. Ouf, ça aurait pu être beaucoup plus grave. J'ai ensuite dû faire les 5 ou 6 derniers km comme tout le monde avec les pieds à terre de chaque côté de la moto et à vitesse minimale pour ne pas tomber. On dit souvent que le meilleur moyen de se rendre compte des conditions de vie des gens est de se mettre dans leur peau - eh bien de quoi se plaint-on chez nous !!
Pour les ethnies, j'ai été un peu déçu. C'était le jour où j'avais la moto et dans les 3 ou 4 villages visités j'étais plutôt mal à l'aise. C'était des tous petits villages sans activité dans la journée, et un étranger qui arrive en moto ne passe pas inaperçu. J'avais l'impression que les enfants avaient peur, que les gens me regardaient de loin, franchement je n'aime pas du tout ces situations. Je savais que la moto était une barrière pour rencontrer les gens mais pas à ce point. A ne pas renouveler. Dans deux villages les femmes âgées étaient torses nus. Elles sont vêtues d'un simple bout de tissu entouré autour de la taille.
En quittant Ban Lung, je décide d'essayer de rejoindre, à petits pas, le site d'Angkor en coupant par le nord. Sur ma carte il n'y a pas de route, seulement des pistes et impossible de connaître à l'avance dans quel état elles sont. Je rejoins Stoeng Treng et essaie de me renseigner sur la possibilité de circuler sur l'autre rive. Je trouve même un Cambodgien qui a passé 15 ou 20 ans à Saint Etienne et est revenu au pays pour y ouvrir un restaurant – mais personne n'est en mesure de me renseigner. Le lendemain, je traverse le Mékong de bonne heure le matin en bac, en me disant que de l'autre côté ils doivent savoir si je peux continuer sur la piste ou non. Difficile au début de me faire comprendre et aussi de comprendre leurs réponses quand je sens qu'ils me comprennent - jusqu'au moment où je rencontre un jeune qui parle un peu l'anglais et qui me dit que c'est possible à l'arrière d'une moto. Nous allons voir ensemble un groupe de mototaxi du village, et grosse discussion - en fait je comprends que personne ne veut s'y aventurer. Un taxi-moto montre le niveau de sa ceinture pour indiquer le niveau d'eau des cours d'eau qu'il faut traverser. J'obtiens un peu plus d'infos par la suite. La piste est utilisable en saison sèche seulement par les motos, les 4x4 et les camions aventureux.
Je confie mon gros sac à dos à une charmante dame où j'avais pris mon petit déjeuner en arrivant et me donne la journée pour parcourir à pied cette rive du Mékong avant de retrouver mon hôtel de la veille. En marchant à l'extérieur du village, à un moment, j'entends un « bonjour monsieur », auquel je réponds bien sûr. C'est un vieux monsieur de 77 ans, ancien instituteur, qui a appris le français dans sa jeunesse et qui, malin, avait tenté ce bonjour monsieur. Comme de mon côté toutes les occasions sont bonnes pour entrer en contact avec la population, je me prête au jeu, et après un quart d'heure de discussion sur le bord de la piste je me retrouve invité à entrer dans la maison. Dans l'entourage de la maison il y a 3 fils qui tentent de descendre des noix de coco du cocotier. J'ai droit à mon lait de coco, à un jus de palme sucre, et pour finir je me trouve invité à leur table pour midi. Ils parlent d'aller au village pour acheter quelque chose pour le repas. J'accepte l'invitation à condition que je paie ce qu'ils vont acheter pour ce repas. C'est OK. Au final le fils a acheté du caïman (petit crocodile). On mange par terre, sur le parquet, une situation toujours difficile pour moi - avec mes genoux, impossible de m'assoir en tailleur comme ils le font si bien. La mère parle un peu le français et un des fils parle anglais. Le père raconte les moments difficiles pendant la période Pol Pot, où, faisant partie un peu des intellectuels il a été obligé de travailler pour la patrie sans réel salaire. Le fils qui parle anglais a 35 ans et se marie dans 15 jours avec une jeune fille de 17 ans. Le mariage se déroulera dans l'espace devant la maison et il est prévu 270 invités, et... et... j'y suis invité. Dommage, ça aurait été 2 ou 3 jours après, je restais.
Quand je suis parti, j'ai réellement senti que j'avais fait des heureux pendant quelques heures.
Au fait, je ne peux même pas vous dire quel goût a le caïman. Pour moi, il avait surtout un goût de très très épicé, qui arrache la g...... C'est comme si l'ensemble avait été broyé, passé au « hache-viande » - la chair, le squelette et la peau. Donc plein de petits os à recracher.
Angkor et Angkor ! - c'est le site à ne pas manquer quand on séjourne au Cambodge. C'est grandiose. D'après les documents, l'ensemble des temples et parcs qui les entourent couvrirait une surface de 400 km2. J'ai quand même du mal à le croire. Ils vendent des tickets à la journée, des forfaits de 3 jours et à la semaine pour les plus intéressés. Il est impossible de tout visiter, même en une semaine et à moins d'être un passionné - attention à l'overdose. Les premiers vestiges datent du 11 ème siècle. Les photos donnent une idée mais il faut s'imaginer surtout la grandeur des « œuvres » car les couleurs ne contribuent pas à la beauté des sites. Une petite partie des temples est en restauration. Dans beaucoup d'endroits, la nature a repris ses droits se moquant de l'œuvre des hommes. C'est un des charmes des sites visités.
Je me pose quelques jours à Siem Rap et loue un vélo pour 3 jours, le temps de visiter Angkor. Le vélo me donne une grande liberté comparé au bus mais les distances sont longues – je me permets même de faire du stop avec mon vélo – le véhicule n'est autre qu'un motoculteur avec une charrette. J'apprécie, mais c'est surtout mon postérieur qui est content.
J'en profite pour faire quelques examens pour ennuis digestifs et me retrouve avec un traitement de cheval. La facture est plutôt salée - l'hôpital sait que les touristes ont une assurance.
27/11/2008 – je suis les informations régulièrement sur internet et la Thaïlande est sujette à des troubles internes. La France rapatrie les touristes bloqués. Un avion gros porteur a été affrété pour commencer à aider les 1.600 Français qui attendent de pouvoir rentrer. Les antigouvernementaux évacuent le siège du pouvoir pour se concentrer sur le blocage des aéroports.
Je ne suis pas inquiet car je ne rentre pas avant 2 semaines et j'aviserai le moment venu.
Thaïlande
Après Angkor au Cambodge je repasse en Thaïlande où je passe 3 jours dans la région de Surin à l'Est du pays. C'est une région où l'on élève et l'on dresse des éléphants pour les envoyer gagner leur vie près des touristes dans tous les coins du pays. Je manque à une semaine près le rassemblement annuel qui regroupait entre 350 et 400 bêtes cette année, avec à l'affiche un match de foot des éléphants, capture d'animaux "sauvages", dressage, etc. ça doit être quelque chose d'intéressant quand même, d'autant plus que c'est une fête locale et non organisée pour les touristes.
Ensuite, changement de cap, direction le sud, au niveau de Phuket pour ceux qui connaissent, mais sur la cote Est. Pendant mon séjour, j'ai essayé de rechercher sur internet les lieux où l'on élève des hirondelles pour consommer leurs nids !!! J'avais vu un reportage à la télé, il y a de cela quelques mois, voir quelques années. J'ai trouvé plusieurs régions, dont la Malaisie, des grottes au Vietnam mais interdites aux visiteurs, et un lieu en Thaïlande. Je tente donc, ne sachant pas du tout ce que je vais trouver. Deux ou trois personnes sur mon trajet m'ont demandé "mais pourquoi vous allez là, il n'y a pas de plage, il n'y a rien à voir". Non, bien sûr....mais,...je ne pouvais même pas leur parler d'hirondelles.
En arrivant vers 14 h ... grosse déception, aucune hirondelle dans le ciel. Je cherche un hôtel et en marchant je vois les fameux buildings à hirondelles que j'avais vu dans le reportage télé. Ouf, je suis au bon endroit. J'ai la chance ensuite d'entrer dans un bureau pour demander un hôtel et de voir au mur des photos de nids.
Je passe 3 jours dans cet endroit, le temps qu'il faut pour que les langues se délient, car c'est un business avec plein de secrets.
La ville compte une soixantaine de buildings, HLM pour hirondelles, et personne n'entre dans ces maisons closes et bien gardées. Des millions de dollars sont investis ici par des locaux mais aussi des étrangers de Singapour et d'ailleurs. Des habitants ont abandonné ou transformé une partie de leur maison pour les hirondelles.
Le chant des hirondelles est partout dans la ville. Il est diffusé par haut parleur en haut des HLM. On peut même acheter le CD de bruitage. Mais on ne voit pas les oiseaux. En fait, sans doute dû à la chaleur, les hirondelles sortent le soir à la tombée de la nuit. En jour elles restent à l'intérieur où il fait une température de 18-20 degrés avec une humidité de 85 %. Les conditions de vie sont contrôlées comme dans nos élevages industriels. La seule différence, et elle est de taille, est que l'habitant reste sauvage et les oiseaux nichent là où ça leur plait. La multiplication des tours n'a pas occasionné la multiplication des volatiles. Résultat - un bon nombre de tour sont sans locataires ou presque. C'est ce qui explique les petits secrets qui peuvent retenir ou attirer les hirondelles dans telle tour plutôt que la voisine.
Les visites sont interdites, même souvent pour la famille. Raison avancée, cela effraie les oiseaux. Je n'ai donc pas visité l'intérieur d'une tour – et ce n'est pas par manque d'essayer.
Mais j'ai eu la chance de rencontrer un couple dont l'oncle de la jeune femme possède un immeuble et vend des nids. J'ai pu visionner 2 DVD et on m'a même offert de les copier sur ma clé USB. La jeune femme était moins avare d'infos que son mari.
C'est une espèce d'hirondelle très spécifique, beaucoup plus petite que celle que l'on trouve chez nous, et elle fabrique son nid uniquement avec sa salive. Ce qui donne un nid blanc un peu translucide. Les récolteurs retirent le nid avant la ponte et le couple rebâtit à la même place. Ils opèrent ainsi 2 à 3 fois et laissent ensuite élever une nichée. Les nids sont nettoyés à la pince à épiler et lavés pour retirer toutes les impuretés et être consommables. Un temps très important est passé sur chaque nid mais il est largement compensé par le prix de vente qui varie de 3 à 4500 € le kg !!
Ces hirondelles migrent pendant 3 mois par an environ, d'août à octobre, vers les montagnes de Sibérie. La région abriterait des millions d'hirondelles mais il est très difficile de les observer en quantité. Elles sortent presque à la nuit tombée, elles sont toutes petites et volent au niveau du sommet des tours. Une des tours avait quand même beaucoup d'occupant, c'était un peu comme autour d'une ruche. Impossible d'obtenir des photos correctes - oiseaux noirs, trop loin et pas assez de lumière. Peut être qu'à d'autres périodes de l'année plus fraiches elles sortent à des heures différentes.
J'ai quand même ramené de quoi y goûter, quelques grammes dans un petit pot de verre, et un nid entier que je compte garder en trophée.
Ces nids sont consommés dans une partie de l'Asie et surtout en Chine. Il existe plein de recettes. La salive d'hirondelles aurait des vertus miracles si l'on s'en réfère au prix de vente .... fortifiante, repousse la vieillesse, facilite la digestion, accélère la convalescence, et plein d'autres vertus dans la pharmacopée chinoise.
C'est sans doute mon dernier "papier" avant mon retour en Mayenne. Au plaisir de vous revoir tous, avec sans doute un gros pull comme vous portez chez vous en France.
Mon périple touche à sa fin. Nous sommes le 8/12/08 – ma date de retour sur mon billet est 15/12, mais je vais tenter cette nuit (3 h du matin) d'avancer mon départ vers le Koweït et visiter ce petit bout de désert pendant quelques jours. Mon billet prévoit une escale de 5 heures à Koweït City que j'espère pouvoir transformer en 5 jours. Ce n'est pas gagné d'avance mais je compte m'appuyer sur les événements derniers à Bangkok pour négocier.
J'arrive à l'aéroport vers 23 h et m'installe pour attendre 3 h du matin. Assez peu de voyageurs à l'embarquement – les troubles de ces derniers jours ont amené beaucoup d'annulations. Je me présente en fin de queue et expose ma demande comme je l'avais fais une fois en Finlande. Je propose à l'hôtesse d'embarquer maintenant au lieu d'une semaine plus tard – pas de problème monsieur - mais si vous voulez vous arrêter 5 jours à Koweït vous devrez négocier cela sur place à l'aéroport. OK, mais je veux que mon bagage s'arrête également à Koweït ? – ah, ce n'est pas possible avec votre billet car vous avez un vol Bangkok-Paris et à Koweït votre bagage sera automatiquement transféré dans l'avion pour Paris. La seule solution est de modifier votre billet pour obtenir 2 voyages distincts - Bangkok-Koweït et Koweït-Paris – et cela va vous couter environ 100 $.
En tant normal, 100 $ pour aller au Koweït ne m'aurait pas posé de problème, mais cette fois-ci je voyage en ayant une trésorerie plutôt négative et je renonce à cette option.
Les pays du golfe ne sont pas des pays touristiques et sont si différents des autres qu'ils m'intéressent. Je sais qu'il n'y a pas beaucoup de choses à voir, que l'hôtellerie peut être laborieuse et coûteuse, mais c'était une occasion unique.
Je rentre donc à Paris en m'apprêtant à enfiler quelques T-shirts supplémentaires à ma descente d'avion.