Suite de l'Inde
Bangkok, 11 avril 1990, le choc - la chaleur humide me couvre de sueur sur place sans bouger. La sueur me ruisselle sur les bras, les jambes – je n'ai jamais ressenti cela de ma vie. En arrivant à l'hôtel, je me rue sous la douche et j'y retourne deux heures plus tard. Le ventilateur au plafond n'est pas superflu.
La ville ressemble aux villes européennes avec beaucoup de voitures et une forte pollution. La nourriture est dé..li..cieuse – des fruits frais de toutes sortes. Un contraste de propreté comparé au Pakistan et à l'Inde.
Le peuple thaïlandais est adorable, très calme, toujours le sourire et prêt à rendre service. Les jeunes filles et jeunes femmes sont d'une beauté,……… dommage qu'elles ne tiennent pas dans le temps – une femme à 35 ans est déjà "fanée", elle en parait 45. J'ai l'impression que c'est la même chose pour tous les asiatiques.
La population est à 80% bouddhiste – des temples couleur or magnifiques (je découvre).
J'ai acheté un nouvel appareil photo, le même qu'au départ, Pentax zoom 70 X, à 1540 F.
Nouvelle monnaie : le Baht, qui équivaut à 0,22 F
Je visite Bangkok pendant 2 jours avec un Allemand. Nous prenons le bateau-bus pour découvrir les banlieues, les canaux servant de route. Les maisons sont construites sur pilotis avec un embarcadère et les bateaux-bus passent régulièrement. Les habitants se lavent dans le canal – une eau plutôt sale. C'est aussi le tout-à-l'égout. Au retour, nous nous arrêtons sur un embarcadère qui donne accès à un sentier et nous nous engageons au hasard dans les plantations, pour au final, arriver dans un village. C'est la fête et pas n'importe quelle fête – le début de la nouvelle année dans le calendrier du pays et de toute cette région du monde – le 1er janvier chez nous. Ce jour là, on arrose les gens que l'on croise et on les barbouille de bouillie blanche. Bien sûr, les 2 touristes n'ont pas fait exception et nous avons joué le jeu pour leur plus grand plaisir.
Au retour, nous croisons une femme faisant la cuisine sur son petit bateau au milieu du canal. Les vagues qui la bercent ne semblent pas la déranger. C'est le "galette-saucisse" flottant de chez nous.
Départ pour le marché flottant (floating market) par bus et je me retrouve à 40 km de l'endroit où je voulais me rendre. Bon, je me suis rapproché mais la prochaine fois, j'essaierais de mieux me faire comprendre. En descendant du bus je rencontre un Australien et une Anglaise qui travaillent ici comme professeur d'Anglais. Nous passons la soirée ensemble et ils me trouvent un hôtel – 90 bahts.
La ville est en plein animation – une fête à décibels. Nous la visitons les deux mains sur les oreilles tellement c'est fort. Je découvre un nouveau sport qui ressemble au volley-ball, le "takraw" – 3 personnes par équipe et un filet un peu plus bas qu'au volley. On peut toucher la "balle" avec toutes les parties du corps sauf les mains – 3 touches maximum – des smatches spectaculaires avec les pieds. Le même joueur peut toucher la "balle" plusieurs fois de suite, l'essentiel est de ne pas dépasser 3 touches. Les joueurs contrent avec la tête ou le pied – c'est spectaculaire.
Le lendemain midi je repars pour floating market où j'arrive volontairement à la fin du marché vers 14 h. J'ai l'intention de loger sur place pour être présent très tôt le lendemain matin, car tous les touristes viennent ici par cars organisés depuis Bangkok et repartent aussitôt après.
Bien sûr, pas d'hôtel sur place. Pas de panique – je me dis que je peux dormir n'importe où dehors, je suis équipé. C'est un peu difficile de se faire comprendre – on ne parle pas anglais ici – mais je sens qu'il se mijote quelque chose. Une jeune femme revient vers moi et me dit "at home" – ce qui signifie en anglais "à la maison". OK, je me laisse guider – sans trop savoir où je vais. Me voilà parti dans une barque avec une femme plus âgée à la rame – je crois comprendre qu'elle m'emmène chez elle et que je vais loger dans une famille. Je ne pouvais pas en espérer plus. Après un bon kilomètre de canaux nous nous arrêtons devant une maison toute en bois, sur pilotis. Dans cette zone, toutes les maisons sont sur pilotis le long des canaux – aucune route – aucun chemin d'accès – seulement des canaux et des barques comme moyen de transport. Sous chaque maison 3 ou 4 barques sont stationnées – c'est un autre monde.
L'après midi, je pars me balader dans les plantations avec les enfants de la maison comme guide. Nous traversons des fossés plein d'eau sur des troncs de bambou – c'est très acrobatique. Derrière la maison se trouve une plantation de noix de coco. Une fois la noix de coco coupée on fixe sur la tige coupée une boite pour récupérer la sève, et tous les 1 ou 2 jours on récupère ce liquide sucré en prenant soin de recouper la tige de 2 ou 3 cm pour que la sève puisse continuer à couler. Une femme changeait ces boites – elle grimpait au cocotier comme un singe avec une échelle formée d'une branche de bambou à laquelle on a laissé les départs de branches pour servir de marches, ou plutôt de barreaux d'échelle. Ce jus est chauffé ensuite pour faire évaporer l'eau et on obtient une pate utilisée comme sucre ou comme arôme pour donner du goût. Ils font aussi des gâteaux moulés, mais c'est trop sucré pour moi.
Beaucoup de plantations de bananiers occupent également cette zone.
Les enfants marchent pieds nus partout, …… moi qui avait peur des serpents !!
Voyant que je voulais visiter plein de chose les enfants ont sorti une barque et nous voilà partis pour une virée de 2 heures. Je rame avec eux et j'attrape une bonne suée. Les enfants marchent dans la barque comme s'ils étaient sur terre. Nous nous arrêtons dans une maison – sans doute de la famille – pour boire un verre d'eau et manger une mangue. Les fruits sont succulents. La femme de cette maison chique un mélange d'herbe, de piment rouge et je ne sais quoi d'autre, si bien que lorsqu'elle parle un liquide rouge s'écoule entre les dents – c'est un peu ragoûtant, mais sans doute une coutume locale. Trois jeunes filles avec des machines à coudre fabriquent des robes de petites filles à la chaine, c'est-à-dire qu'elles ne coupent pas le fil entre deux robes. Les pièces tombent dans une caisse attachées les unes aux autres. Des petites mains bon marché pour les vêtements des riches. Du travail à domicile pour quelques centimes.
Pendant 24 heures, je vis leur vie – jusqu'au bain du soir pour se laver en famille dans le canal. J'hésite longtemps avant de me décider car l'eau est très sale. Mais je joue le jeu en évitant de me mettre la tête sous l'eau et surtout de me laver les dents dans le canal. A part quelques mots d'anglais tous les échanges se font par gestes.
La maison est composée d'une seule grande pièce où l'on fait tout. C'est très propre. Nous mangeons assis sur le plancher, dans des assiettes – la nourriture est vraiment délicieuse et on m'en propose à me faire éclater le ventre. Toutes les maisons possèdent l'électricité et la télévision. Nous dormons sur le plancher sur une natte avec une moustiquaire. Un ventilateur tourne toute la nuit pour nous éviter de trop suer et éloigner un peu les moustiques. Je suis obligé de me faire une protection pour la ventilation si je ne veux pas me retrouver demain matin avec un mal de gorge. Un bruit infernal de cricket vous accompagne une partie de la soirée.
Le lendemain matin, 3 barques partent du "garage" sous la maison, très propres, astiquées comme on le fait pour les meubles. Elles sont destinées à la ballade des touristes. Une jeune fille de 12 ans a ainsi baladé 2 ou 3 groupes de touristes dans la matinée. La famille n'a rien vendu ce jour là au marché – peut être est-elle spécialisée dans ce genre de service. Je n'ai pas su ce que faisait le mari.
Le marché flottant, c'est 50 à 80 barques qui se rassemblent tous les jours où se croisent vendeurs et acheteurs, grossistes et …….. touristes. L'étalage est la barque – café, restaurants, produits venant de l'intérieur des terres ou de l'extérieur – on y trouve tout. C'est très coloré et sans doute porté par l'attrait touristique du tableau.
Dans la matinée, environ 2 à 300 touristes sont arrivés par cars de Bangkok. Parmi eux beaucoup de Français – des comités d'entreprises et autres groupes. Ils restent ici 2 à 3 heures – tours en barques – visite du marché – consommation sur place – achats divers, et repartent vers la capitale dans leur car climatisé. Assis un peu à l'écart, j'observais tout ce tableau et je me disais que j'étais en train de vivre une aventure un peu différente.
En fin de marché, je suis retourné voir ma famille d'accueil et lui ai proposé le même prix que je payais ma chambre d'hôtel. C'était sans doute beaucoup d'argent pour eux mais pour ma part, ça n'avait pas de prix.
Vers 14 h, direction Bangkok. Je m'arrête en chemin pour visiter un élevage de canards que j'avais repéré au trajet à l'aller. La langue est une barrière de communication en dehors des villes. Des enfants sont venus pour essayer de traduire - c'était laborieux. L'élevage contenait quand même 60 000 canards.
Le lendemain, je cherche à acheter mon billet d'avion pour Hong Kong, mais tous les vols sont complets pour les 4 jours à venir. Je décide donc de partir vers le nord du pays pour 4 jours par train-couchette – destination Chiang Mai. Le nord est connu pour ses endroits touristiques où l'on fait travailler les éléphants. Les éléphants déplacent des troncs d'arbres, mais cela manque de naturel – on se contente de show pour touristes. Ces derniers (j'en suis un) débarquent en car, achètent des bananes sur place et les éléphants les mangent dans leur main – ce n'est pas mon truc.
La visite d'une usine de vers à soie est un peu plus captivante, mais…….. passage obligé par le magasin de vente de vêtement.
Un élevage de papillons : des centaines d'espèces différentes et tous plus beaux les uns que les autres, élevés dans des serres. J'ai été captivé par cet élevage et le degré de technicité rencontré. Ils récoltent les œufs, font des croisements pour obtenir des couleurs inédites, pratiquent l'insémination artificielle, etc. Je suis resté 2 heures à discuter avec le responsable. Ils expédient des papillons, ou chrysalides, dans le monde entier. Je ne pensais pas qu'il pouvait y avoir des collectionneurs de papillons à ce point.
Retour à Bangkok et départ pour Hong Kong avec Air Lanka. L'avion est un Tristar et n'est pas de première jeunesse. Je suis assis près d'un hublot et au décollage, je sens comme une déformation de la carlingue, un peu à l'image d'une bouteille plastique quand on appuie dessus. J'essaie de me rassurer en me disant que ça doit être normal.